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Département de l’emploi, des affaires sociales et de la santé, Commission cantonale de la famille

Les parents imaginent qui est le meilleur à l’école


Lettre du mercredi 7 octobre 2015 - Source: Echo Magazine



Les parents ont tendance à penser que l’aîné de leurs enfants est plus doué pour l’école que le cadet, montre une étude. Or un tel jugement influence les résultats scolaires des enfants. Votre sœur, votre frère et vous-même possédez environ 50% de gènes en commun. Vous avez été élevés par les mêmes parents, avez habité au même endroit, fréquenté la même école, eu les mêmes professeurs, joué ensemble pendant des années.

Pourtant, vous vous passionnez pour le tennis et pour l’art du papier découpé alors qu’un autre ne supporte pas Federer et n’aime rien tant que la chanson de variété. Vous n’avez pas non plus le même caractère. Professionnellement, vous avez choisi des voies presque opposées. Et vous vous sentez peut-être plus proche de vos amis que de vos frères et sœurs. Tout le monde le remarque, d’ailleurs: vous ne vous ressemblez pas, sauf physiquement.

Pourquoi? La question des différences au sein d’une même fratrie fait mousser les psychologues et les spécialistes du développement depuis des décennies. Une des réponses, logique, tient au fait que beaucoup d’enfants s’efforcent d’être différents de leurs frères et sœurs de façon à s’assurer une position unique dans la famille.

Pas tous les mêmes
Néanmoins, cette question difficile taraude les scientifiques depuis le 19e siècle. Ils ont développé différentes théories: la première est darwinienne. Dans une même famille, les enfants sont en concurrence pour obtenir l’attention des parents. Pour éviter une compétition frontale, ils auraient tendance à se spécialiser: l’humour ou le sérieux, les mathématiques ou la littérature, etc. Une autre théorie observe que, malgré les apparences, les enfants ne grandissent pas dans le même environnement. Les événements majeurs que traverse une famille ne sont ni vécus ni ressentis de la même manière par les enfants en raison de leurs âges différents. Et malgré leur bonne volonté, il est rare que les parents traitent leurs enfants exactement de la même manière. La troisième théorie s’intéresse au rôle de «machine à comparer» que joue la famille. Si, par exemple, les deux enfants sont extravertis, mais l’un plus que l’autre, il y a des risques pour que le moins extraverti — très sociable dans l’absolu — soit catalogué comme timide. Une fois posée, une telle étiquette peut influencer les choix de l’enfant, et sa représentation de lui-même.

Des bulletins scolaires
Les parents jouent un rôle important. Alexander Jensen et Susan McHale, chercheurs spécialisés en développement humain, les ont mis sur la sellette dans une étude parue en juin 2015 dans le Journal of Family Psycholoe. Ils ont étudié les performances scolaires de 388 paires de frères et sœurs en relation avec l’attitude de leurs géniteurs. Ils ont d’abord collecté les bulletins de notes des enfants. Ils ont ensuite demandé aux parents si leurs enfants différaient dans leurs capacités scolaires et, auquel cas, lequel des deux était le plus capable à l’école. Les résultats sont intéressants: les parents ont tendance à penser que l’aîné est meilleur à l’école même s’il n’obtient pas de meilleures notes. Alexander Jensen et Susan McHale voient deux raisons à ce phénomène: soit les parents ont de plus grandes attentes envers l’aîné, soit le fait que l’aîné soit, par principe, plus avancé à l’école fausse leur jugement.

Le succès des petites sœurs
Dans les résultats récoltés par les deux chercheurs, un seul cas de figure fait exception. Quand l’aîné est un garçon et la cadette une fille, les parents considèrent la cadette comme plus capable. Et de fait, dans ces familles, les petites sœurs font de meilleures notes que leur grand frère. L’analyse ne s’arrête pas là. Alexander Jensen et Susan Mc Hale ont aussi observé l’évolution des notes dans le temps. Si les notes n’influencent pas la manière dont les parents évaluent les capacités de leurs enfants, en revanche, au fil du temps, les croyances des parents au sujet des capacités de leurs différents enfants influencent les résultats scolaires de ces derniers.

«En d’autres termes, résument les chercheurs dans un article publié sur le site theconversation.com, quand les parents croient qu’un enfant est plus capable que l’autre, les notes de cet enfant s’améliorent plus que celles de son frère ou de sa sœur.» Ainsi les parents sont confirmés dans leurs croyances au cours des années. Les enfants s’adaptent inconsciemment au jugement de leurs parents. Et les croyances des parents contribuent à forger les différences entre les enfants. «De petites différences dans la manière de traiter ses enfants peuvent avoir des effets importants», avertissent les chercheurs…

Aude Pidoux


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