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Département de l’emploi, des affaires sociales et de la santé, Commission cantonale de la famille

La petite bête qui menace nos promenades


Lettre du jeudi 27 avril 2017 - Source: Echo Magazine



Avec le printemps revient le goût des balades dans les hautes herbes. Mais un ennemi nous guette: la tique, qui peut transmettre la borréliose. La maladie inquiète, mais il ne faut pas exagérer la menace. La tique est un acarien qui se fixe sur la peau de mammifères domestiques (chats, chiens, chevaux, bétail) ou sauvages (écureuils, cerfs, mulots,…). Il ne dédaigne pas la chair humaine, avec une prédilection pour les creux: les aisselles, la région inguinale et le cuir chevelu. C’est ainsi qu’en 2016, l’Office fédéral de la santé publique (OFSP) a recensé 8400 cas de borréliose de Lyme en Suisse entre janvier et fin juillet.
Cependant, ce chiffre est sous-évalué. Certaines personnes mordues par une tique ne consultent pas un médecin. Les unes ignorent qu’elles l’ont été, d’autres ne s’inquiètent pas de la présence d’un érythème migrant (rougeur congestive de la peau en forme d’anneau) qui apparaît dans deux tiers des cas et finit par disparaître. D’autres confondent les symptômes avec un syndrome grippal qui entraîne des douleurs musculaires diffuses.

Surveiller les rougeurs
La maladie de Lyme, ou borréliose, n’en est pas anodine pour autant. Elle peut donner lieu à des lésions dermatologiques, des problèmes cardiaques, des troubles neurologiques ou encore de l’arthrite. Elle se développe normalement selon trois stades, mais tous ne sont pas nécessairement observés. En présence d’une rougeur annulaire (premier stade), un dermatologue ou un médecin généraliste sera directement aiguillé vers le bon diagnostic. En outre, on commence à beaucoup parler de la maladie de Lyme. On peut donc raisonnablement penser que, même en l’absence d’un érythème, on ne devrait pas passer à côté de cette pathologie. Mais cela arrive encore trop souvent! Du moins est-ce l’avis des associations de patients et de certains spécialistes. Pour les patients non traités, ce sont les manifestations neurologiques qui sont les plus redoutées. Elles peuvent évoluer vers des états démentiels, des troubles moteurs ou cognitifs divers. Le cerveau est lésé et, dès lors, les dégâts ne sont malheureusement pas complètement réversibles.

Une maladie chronique?
En cas d’érythème migrant, la maladie de Lyme est avérée et une thérapie aux antibiotiques est systématiquement prescrite. On ne peut pas l’éviter. Toutefois, il faut considérer l’affection dans ses justes proportions. Publiée en 1999, une étude allemande s’est intéressée à 383 patients souffrant de borréliose, mais n’ayant pas été traités médicalement. Chez 89% d’entre eux, l’affection s’est limitée à un érythème chronique migrant qui s’est effacé après quelques semaines. Des atteintes articulaires ont été mises en évidence chez 5% de l’échantillon tandis que 3% seulement des patients ont été victimes de manifestations neurologiques.

En l’absence d’érythème migrant après une morsure de tique, des tests sont pratiqués pour poser un diagnostic, mais leur sensibilité et leur spécificité laissent à désirer. Aussi certains spécialistes ne les jugent pas fiables. Ce courant, qualifié de révisionniste, en a tiré argument pour asseoir une théorie divergente de celle, orthodoxe, émise par l’Infectious Deseases Society of America (IDSA). Pour les contestataires, la maladie de Lyme serait une maladie chronique et le traitement qui lui est habituellement appliqué (des antibiotiques) serait arrêté de façon trop précoce. Ils pensent que la fibromyalgie, le syndrome de fatigue chronique, les tableaux de douleurs musculaires persistantes, voire certaines maladies neurodégénératives — bref, tout un ensemble de pathologies pour lesquelles il n’y a pas véritablement de traitement — seraient liés à la maladie de Lyme.

Guéri ou pas?
Les tests sérologiques communément réalisés ont une limite importante en ce sens qu’ils disent: «Oui, il y a eu infection» ou «Non, il n’y a pas eu infection». Ils ne permettent donc pas de savoir s’il y a maladie ou non, ou encore si cette dernière est active ou a été guérie par antibiotiques, voire spontanément. En clair, on dispose de peu de moyens pour évaluer, par des tests de routine, la persistance de la maladie, c’est-à-dire l’échec ou l’efficacité d’un traitement. Finalement, c’est l’évolution de la symptomatologie qui constitue le meilleur indicateur pour évaluer la réponse à l’antibiothérapie. Le reste est une guerre d’experts. Et le débat n’est pas clos.

24 heures pour agir
Environ 10% des tiques seulement sont porteuses de la bactérie Borrelia. C’est d’elle qu’émane le danger. Lorsque le «monstre» se nourrit de notre sang, ce qu’il fait à petites doses mais longtemps, la bactérie chemine lentement de son intestin vers .ses glandes salivaires pour être ensuite régurgitée par la salive. Aussi, en cas de morsure de tique, la transmission de la maladie ne s’opère-t-elle habituellement pas avant 24 heures d’attachement.

D’où l’intérêt d’inspecter systématiquement les zones corporelles exposées après une balade en forêt ou dans les prés et d’extraire rapidement l’acarien, de préférence au moyen d’un tire-tique (sorte de crochet) vendu en pharmacie. Il faut éviter de retirer la tique au moyen d’une pince à épiler ou après l’avoir anesthésiée avec de l’éther. Dans les deux cas, elle régurgitera les parasites infectants. Des cartes peuvent être consultées pour connaître les zones où sévissent les tiques à encéphalite et où la vaccination est conseillée. Au-dessus de mille mètres, aucune région de Suisse n’est concernée. Voir : www.piqure-de-tique.ch

Echo Magazine, Philippe Lambert


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