Menu

Département de l’emploi, des affaires sociales et de la santé, Commission cantonale de la famille

La sexualité pendant la grossesse


Lettre du mercredi 27 janvier 2016 - Source: babybook



Sujet peu abordé, parfois tabou, la sexualité pendant la grossesse est pourtant, sauf avis médical contraire, fortement conseillée. Poursuivre une activité sous quelque forme que ce soit (pénétration, caresses…) préserve les liens du couple, prépare un accueil équilibré de l’enfant à venir et diminue le risque de problèmes sexuels post-partum. Or, s’il est possible de dresser quelques généralités, la question ne sera que mieux comprise quand traitée au cas par cas.

Les trois premiers mois: des hauts et des bas, parfois le calme plat. «Avant de tomber enceinte, les rapports peuvent vraiment devenir une contrainte», raconte Aline, mère de trois enfants. «Au début, c’est amusant, excitant, on ne touche plus Terre. Mais quand ça ne marche pas, ça vire à l’obsession. On fait l’amour parce que c’est le bon moment dans notre cycle, mais le désir n’est pas forcément là.» Pour certains couples, l’annonce de la grossesse peut être vécue comme un soulagement. Désinhibition, sentiment de liberté, envisager désormais l’amour non plus avec la pression de se reproduire, mais pour le plaisir, tout simplement.

Se transforme-t-on en chauds lapins pour autant?
Pas nécessairement. En fait, il n’est pas rare que les trois premiers mois riment avec libido proche de zéro. Nausées, fatigue, seins douloureux, maux de tête, constipation, brûlures d’estomac, sécheresse vaginale… Des désagréments que l’on essaie, tant bien que mal, de supporter, mais qui peuvent provoquer une baisse de désir. Et lorsque rapports sexuels il y a, ce qui était plaisant peut soudain devenir inconfortable, voire carrément désagréable.

«Si j’ai eu des relations en tout début de grossesse?
Non, pas vraiment… J’étais beaucoup trop obsédée par ma condition. J’étais à l’affût du moindre signe, de la moindre sensation, se souvient Sophie. En outre, il y avait aussi l’idée que j’allais devenir maman et que beaucoup de choses allaient changer.» Un retour sur soi, une prise de conscience quant à son rôle de futur parent, des questionnements nouveaux… un état physique et psychologique, en somme, qu’il s’agit d’appréhender, parfois au détriment de sa sexualité. Au début, il n’est pas toujours évident de tout concilier.

Autre frein possible: la peur de la fausse couche. Et si faire l’amour était risqué?
À moins que votre médecin ne vous l’ait déconseillé, rien ne s’oppose à ce que vous poursuiviez vos ébats. Bien au contraire. Mais il n’empêche… «Pour ma première grossesse, pas de problème, explique Louise. Mais pour la deuxième, c’était différent. Je me sentais beaucoup plus fragile, moins en confiance. Du coup, je faisais très attention. Alors oui, forcément, ça a eu un impact sur ma vie sexuelle.»

Pour Maja Boussina, physiothérapeute ASP/ASPUG et sexologue SSS, «il est très difficile de généraliser. On peut expérimenter une baisse, comme une hausse de la libido. La question de la sexualité est très personnelle et ce qui est déterminant au cours de la grossesse, c’est de savoir comment la sexualité était vécue avant. Il faut donc envisager la grossesse, même si c’est quelque chose de nouveau, davantage comme une continuité. Si une femme est obsédée par son corps quand elle tombe enceinte, c’est qu’elle l’était sans doute déjà avant. De la même manière, si l’on rencontrait déjà des difficultés d’ordre sexuel, ces dernières ne seront pas forcément résolues au cours de la grossesse. Mais, encore une fois, il n’y a pas de règles.»

Le deuxième trimestre: une forme olympique
Vous venez de passer le cap du troisième mois. Première échographie: bébé est bien accroché, tout va bien. Vous voilà donc, vous et votre partenaire, en principe, rassurés. Les nausées et autres joyeusetés du premier trimestre ont enfin disparu pour laisser place à de nouvelles formes appétissantes et à un regain de libido. Une avidité sexuelle parfois dévorante. Un état que certaines femmes se plaisent à résumer de façon très imagée. «Je n’ai jamais été aussi bien que pendant cette période, raconte Julie. Rétrospectivement, quand je regarde les photos, je me demande bien pourquoi, parce qu’en toute objectivité, j’étais énorme. Énorme, mais souriante! J’aimais mon corps, j’étais amoureuse de mon mari, et très gourmande. De nourriture, comme de sexe!»

Etre moins fatiguée, se sentir plus proche de son partenaire, avoir le sentiment d’être plus accomplies parce qu’on porte la vie, sont autant de facteurs qui peuvent augmenter le désir. Et puis, il y a les rondeurs. «Des rondeurs qui, rappelle Maja Boussina, sont enfin acceptées par une société qui prône la minceur, les muscles, les corps lisses. Là, soudainement, on a le droit. On a un alibi. On vit son corps sans culpabilité, ce qui a pour effet de favoriser sa sexualité. On n’a plus besoin d’être dans le contrôle corporel. D’ailleurs, plus on est dans le contrôle, moins la sexualité est épanouie. Il faut pouvoir lâcher pour ressentir.»

Hypersensible, la femme l’est aussi physiquement. Le vagin est plus vascularisé, la lubrification meilleure. Les sensations sont aidées du fait du volume plus important des organes génitaux. Cependant, Maja Boussina insiste: «En matière de sexualité, on a affaire à un tout. On ne peut pas séparer la tête du corps. Il faut que les deux soient en harmonie. C’est parce qu’elles sont épanouies, que certaines femmes deviennent plus libérées, plus disponibles et, du coup, peuvent même atteindre l’orgasme pour la première fois. Orgasme qui peut d’ailleurs être vécu différemment. L’utérus est plus dur et l’on peut ressentir des spasmes utérins ou des contractions qui peuvent inquiéter les futures mères. Il s’agira alors de les rassurer.»

Des formes affolantes
«J’ai détesté toutes mes grossesses, annonce Catherine, mère de trois enfants. Je suis plutôt du genre à faire attention à ma ligne. Mais là, très vite, je me suis mise à prendre beaucoup de poids. Mon compagnon avait beau me dire que j’étais la plus belle, je ne me sentais vraiment pas désirable. J’avais très peu envie et quand ça arrivait, c’était bof.» Même son de cloche du côté de Sandrine: «Sexy enceinte? Vous préférez que je vous parle de mes gaz incontrôlables ou de mes varices vulvaires?» Ces femmes qui se sentent mal à l’aise avec leur corps, peinent à éprouver du désir.

Mais il en est d’autres qui, bien que désirantes, se sentent délaissées, rejetées par leur partenaire. La preuve? Des forums de discussion sur Internet qui regorgent de témoignages désolants. «Il ne me touche plus», «il est tout le temps fatigué», «il a mal à la tête», «il dit qu’il ne peut pas». Des expériences parfois si douloureuses que certaines, pour que tout redevienne comme avant, vont jusqu’à regretter leur grossesse.

«En effet, confirme Maja Boussina, certains hommes ne voient plus leur compagne comme une femme, mais comme une mère ou une sorte de madone intouchable. Ça dépend de l’éducation, de la culture… C’est quelque chose de très inscrit, de compliqué et l’on souhaite à toutes ces femmes, que tout redevienne normal à la fin de leur grossesse. Mais n’oublions pas que les hommes aussi, subissent de plein fouet les changements liés à la grossesse. Ça les renvoie à leurs propres peurs. Ils se questionnent sur leur rôle de futur père, se demandent s’ils seront à la hauteur, s’ils auront toujours leur place une fois le bébé né.»…


Livre de la semaine


  • La chasse au Snark


  • Comments are closed.

    Back to Top ↑