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Département de l’emploi, des affaires sociales et de la santé, Commission cantonale de la famille

Le livre que les enfants aiment écouter


Lettre du mercredi 16 décembre 2015 - Source: Echo Magazine, Catherine Cattin



Les enfants n’aiment pas ou ne sa vent pas lire? Avec le Lirekit, ils ont un compagnon qui leur raconte l’histoire, leur permet de créer leur propre livre et d’autres choses encore. L’invention d’un couple valaisan séduit les écoles. Il est dépourvu d’écran, ce qui va contre toutes les modes. Cette particularité est devenue un atout, assure Dominique Savioz et Janine Travelletti, les inventeurs de Lirekit, un appareil audio qui facilite la lecture. Avec ses touches chiffrées, l’appareil de couleur turquoise et blanche ressemble à une calculette pour enfant. A gauche, une fente permet d’y clipper le livre que l’enfant va entendre. La touche verte dit «PLAY», l’orange avertit «PAUSE», la rouge annonce «STOP». L’enfant inattentif peut réécouter un passage oublié et celui qui veut accélérer n’a qu’une touche à presser.

Mais on a beau chercher, toujours aucun écran. C’est fait exprès, assure Dominique Savioz, le père de ce lecteur audio multitâche. «Un écran enlève toute imagination. Avec notre appareil, l’enfant est tout le temps dans la créativité et il peut en faire l’usage qu’il veut: écouter un livre, s’enregistrer ou encore créer ses propres histoires», s’anime cet ancien instituteur à la barbe poivre et sel qui aime toujours autant raconter et chanter des histoires de sa voix forte.

La voix des absents
Créé il y a cinq ans, Lirekit ambitionne de remplacer les CDs audio: un seul appareil suffit pour écouter tous les livres désirés. Il est alors principalement destiné à la sphère privée. «Dans les familles monoparentales, par exemple, le parent absent enregistre une histoire que son enfant pourra écouter en cas d’ennui. Il peut aussi être utile dans les familles multiculturelles pour raconter un livre dans leur propre langue», complète Janine Travelletti, la souriante compagne de Dominique Savioz. Elle aussi a abandonné l’enseignement pour promouvoir le kit de lecture. Depuis son lancement, il y a deux ans, leur invention s’est davantage fait remarquer dans les milieux pédagogiques, où ses qualités insoupçonnées ont été repérées par les professeurs. «Les enseignants sont tenus d’utiliser un moyen technologique. Mais il y a trop d’écrans à présent. Du coup, ne pas en posséder est devenu un avantage», dit Janine Travelletti.

Encore fallait-il prouver l’intérêt pédagogique de ce lecteur audio. Après une année de test dans plusieurs classes jurassiennes et valaisannes, c’est désormais chose faite. Le côté créatif a séduit, les écoliers améliorent de manière ludique la lecture et l’écriture en imaginant, rédigeant, dessinant, puis en lisant «leur» histoire. Envoyée chez les concepteurs du Lirekit, elle est scannée et reliée pour se transformer en un vrai livre. Autre possibilité: enregistrer des indices à l’aide de l’appareil qui aideront ensuite les élèves à faire une chasse au trésor.

Le cochon grognon
Dans la maison des inventeurs à Bramois, près de Sion, les livres créés par les enfants s’accumulent. Les deux passionnés les ouvrent en racontant d’innombrables anecdotes, se coupant joyeusement la parole. «Je suis touché de voir que notre appareil est apprécié et utilisé de plein de manières différentes», commente en souriant Dominique Savioz, qui bouillonne d’idées. «C’est très gratifiant!», renchérit, les yeux pétillants, Janine Travelletti. Lirekit propose aussi ses propres livres créés par le troisième membre de cette fine équipe: Marlène Linder Lovis, une pédagogue et chanteuse pour enfants, qui est jurassienne. Les héros de ses petites histoires rigolotes sont Gaspard te canard trop bavard, Enguerran l’éléphant trop bruyant ou encore Léon le cochon grognon.

Ces courts récits sont traduits dans de nombreuses langues, dont le bärdütsch, le romanche, l’arabe ou encore le tigrigna (un idiome érythréen) pour les plus originales. Mais à quoi cela peut-il bien servir ? «Actuellement, on teste le Lirekit pour favoriser l’intégration d’une petite Ethiopienne et de sa famille», explique Janine Travelletti. Des mots et des phrases enregistrés en tigrigna, puis traduits en français, permettent à l’enfant d’apprendre rapidement même s’il ne sait ni lire ni écrire.

Pour les dyslexiques
La personnalisation de l’enseignement qu’offre Lirekit a intéressé jusqu’aux spécialistes. Pour les élèves dyslexiques, par exemple, le fait de pouvoir écouter la consigne lors de contrôles ou d’exercices leur évite de se tromper et les met à égalité avec leurs camarades. Un livre à l’écriture imagée, rédigé à leur attention, pourra bientôt être employé avec le petit appareil, s’enthousiasme la pédagogue. Preuve de son utilité, il est désormais qualifié d’«excellente ressource pédagogique» par les cantons du Jura et du Valais. Ce dernier le subventionne à hauteur de 30%. Son utilisation est également enseignée au sein de la Haute école pédagogique pour le Jura, Neuchâtel et Berne.

Malgré cela, les trois pédagogues passionnés n’arrivent pas encore à vivre de leur invention. «La diffusion reste notre principal problème», grimace Marlène Linder Lovis. « Tout le monde se montre intéressé, mais chaque fois on nous dit qu’il n’y a pas le budget pour cela. Pourtant, notre appareil est nettement moins cher qu’une tablette!», ajoute, un peu déçue, Janine Travelletti. En attendant, l’équipe a décidé de revenir à l’idée originelle: le Lirekit pour la famille. Sans moyens pour financer une campagne publicitaire, ils souhaitent mettre à profit un bus transformé en théâtre pour promouvoir leur invention de village en village. «On revient à l’essentiel: le contact avec les gens», se réjouit Dominique Savioz.

Catherine Cattin

Pour commander lirekit: +41 22 593 03 03 ou vpc@echomagazine.ch


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