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Département de l’emploi, des affaires sociales et de la santé, Commission cantonale de la famille

Départ des enfants

Ados et travail

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Lettre du mercredi 10 septembre 2014 - Source: Extrait de Echo Magazine, Christine Mo Costabella



Les vacances scolaires laissent aux adolescents le temps des petits jobs et des premiers salaires. Dans l’épicerie du quartier, à l’hôpital ou dans une colonie de vacances, ils gagnent de quoi sortir avec leurs amis, s’habiller à la mode ou s’offrir un nouveau smartphone. Les jeunes Romands commencent à travailler vers l’âge de 15 ans en moyenne; or si ces revenus leur permettent de répondre, sans l’aide des parents, aux besoins qui naissent avec l’adolescence, ils introduisent aussi une nouvelle relation dans la famille. L’enfant gagne seul son argent; doit-il aussi le dépenser seul? Les parents ont-ils un droit (ou un devoir) de regard sur les dépenses de leur enfant?

Vivement 18 ans

La première expérience que les enfants ont du salaire, ce sont les notes qu’ils reçoivent à l’école, dit le pédiatre et thérapeute familial Nahum Frenck. C’est là que naît l’idée que «Je produis, donc on me paie». Ensuite vient l’argent de poche, souvent considéré comme un dû. Cette petite marge de liberté dans laquelle «Je fais ce que je veux avec mon argent» contribue à la construction de l’autonomie de l’enfant, qui ne sera effective que bien plus tard. «Les adolescents disent toujours: `Vivement mes 18 ans, que je sois libre!; Mais que veut dire être majeur? Rien. Ils peuvent signer leur carnet journalier et ça s’arrête à peu près là. Car à 18 ans, on est toujours chez papa-maman, ce sont eux qui nous entretiennent. On n’a pas encore de liberté économique.»

Reste que les premiers salaires permettent de contourner le contrôle des parents. Ceux-ci ont pourtant leur mot à dire sur les revenus gagnés par leur enfant, rappelle Barbara Venditti, juriste à Bon à Savoir. Selon le Code civil suisse, même si l’enfant est mineur, ils peuvent lui demander une «contribution équitable» à la vie du foyer. La loi reste – heureusement – très floue sur la question, «équitable» pouvant signifier simplement l’exigence que le jeune paie lui-même son abonnement de téléphone ou son entrée au cinéma. Cette nuance mise, à part, l’argent appartient légitimement à celui qui l’a gagné. Mais au niveau éducatif, les parents ont la responsabilité d’encadrer les dépenses, insiste le Dr Frenck; il leur faut oser parler d’argent, demander combien le jeune pense mettre de côté, combien sera alloué aux sorties, etc. «Apprendre à faire un budget est primordial, assène-t-il. On devrait l’apprendre à l’école: ce serait plus utile que de savoir résoudre une équation algébrique du second degré ! »

2000 francs par semaine!

Cette éducation à l’argent ne doit pas attendre l’arrivée des premiers salaires; elle se fait d’abord dans la famille. Comment les parents dépensent-ils? Comment parlent-ils d’argent ou pas, le sujet étant souvent tabou? L’argent de poche est généralement une bonne entrée en matière. Parents et enfants doivent discuter, comparer avec ce que reçoivent les copains – sachant que les pratiques sont très variables et que dans certaines cultures, il ne viendrait pas à l’idée de verser de l’argent à un enfant -, passer en revue les besoins. Ces discussions sont importantes pour comprendre la valeur de l’argent même si les parents n’ont pas de problèmes financiers. «Un jour, j’ai reçu en consultation un enfant de 14 ans et demi qui recevait 2000 francs par semaine, se souvient le Dr Frenck. Il se sentait perdu, ne sachant pas que faire de tout cet argent de poche. Ses parents ne, voyaient pas pourquoi ils lui donneraient moins puisqu’ils en avaient les moyens. Mais pour moi, c’était de la maltraitance d’enfant!»

La tirelire vide

Les cadeaux en argent sont une autre occasion de sensibiliser les enfants. Ceux-ci n’ont pas tous le même tempérament, rappelle Nicolas Perelyguine, président des écoles de parents du canton de Vaud. «Quand mes enfants reviennent de chez leur grand-maman avec un billet de vingt francs dans la poche, ma fille garde précieusement ses sous tandis que mon fils dépense tout immédiatement. Un jour, nous sommes allés au col du Grand-Saint-Bernard et il a voulu acheter un chien en peluche, mais sa tirelire était vide! C’était une excellente occasion de parler de la gestion de l’argent.»

L’enjeu est de taille: les sollicitations publicitaires et les offres de la société de consommation sont telles que dès le premier salaire, il est très facile de contracter des dettes. Leasings, abonnement de téléphone qui se révèle plus cher que prévu, lecture trop rapide des petits caractères d’un contrat,… Pour éviter d’entrer endetté dans l’âge adulte, établir un budget est primordial, répètent les spécialistes. Le magazine des consommateurs « Bon à Savoir » a créé pour cela une application smartphone: le jeune peut y introduire son argent de poche, ses cadeaux, son salaire et ses dépenses et le résultat s’affiche sur une règle de couleur qui va du vert (tout va bien) au rouge (rien ne va plus). Que les poches trouées se rassurent, l’application est gratuite!



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