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Département de l’emploi, des affaires sociales et de la santé, Commission cantonale de la famille

A l’école, dans les bois

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Lettre du mercredi 27 août 2014 - Source: Extrait de Baby Book, article rédigé par Marie-Françoise Macchi



«Dans la nature, l’enfant est face à des objets concrets, des situations réelles. Tous ses sens sont sollicités et pas seulement son intellect. Enfin, il entretient une relation émotionnelle avec elle.» Sarah Wauquiez est enseignante et psychologue. Spécialiste de la pédagogie par la nature, la Fribourgeoise forme adultes et enseignants à cette discipline. Dans le cadre de l’association A l’aire libre, elle anime, près de Fribourg, un groupe de jeu en forêt destiné aux 3 à 5 ans. Entretien avec une passionnée de nature depuis l’enfance, Aussi auteure du petit livre novateur, « Les enfants des bois ».

Quelle est l’origine des écoles dans la nature?

Les crèches et jardins d’enfants dans la nature sont apparus au Danemark et en Suède dans les années 50. L’Etat avait promis à tout enfant âgé de 1 à 10 ans un endroit d’accueil extrafamilial. Comme il n’était pas possible de construire si vite crèches et garderies, les professionnels de la petite enfance ont créé des places d’accueil à l’extérieur, dans la nature. Ce n’est donc pas pour des raisons pédagogiques. Aujourd’hui, il en existe plusieurs centaines au Danemark et en Suède, 15% des classes élémentaires se font en plein air.

Et en Suisse?

En Suisse alémanique, on estime que deux cents à trois cents jardins d’enfants se déroulent dans la nature, en forêt ou dans une ferme. En Romandie, une vingtaine. Quant aux écoles enfantines, qui ont lieu dans la nature par tous les temps, on en compte une dizaine, dans les cantons de Bâle, Zurich et Saint-Gall. Ce sont des écoles privées. En Romandie, aucune enquête n’a été menée à ce sujet. Je sais que dans les écoles Steiner, les sorties hebdomadaires, avec les classes enfantines et primaires, se font depuis une dizaine d’années.

Donnez-nous trois arguments pour convaincre les parents des bienfaits de cette pédagogie par la nature.
L’école en forêt favorise le développement moteur de l’enfant. Il peut se dépenser, bouger. A cet âge, c’est un grand besoin. Mais il peut aussi se retirer au calme, et n’est pas exposé tout le temps au bruit de la classe, parfois insupportable. Ensuite, le processus d’apprentissage est différent. Dans la nature, l’enfant est face à des objets concrets, des situations réelles. Tous ses sens sont sollicités et pas seulement son intellect. Enfin, il entretient une relation émotionnelle avec la nature. C’est une étape nécessaire pour développer plus tard un comportement respectueux et responsable de l’environnement.

Et les bienfaits sur la santé?

Certains parents disent que le système immunitaire des enfants est renforcé. Ils acquièrent aussi plus d’endurance. Les enfants marchent mieux, plus longtemps.

L’état d’un enfant hyperactif peut-il s’améliorer?

Il peut courir, crier, bouger sans déranger personne. Entre quatre murs, il se sent toujours limité. Les maîtresses ont constaté que la forêt permet à certains enfants de mettre en avant des qualités peu valorisées en salle de classe. Comme, par exemple, la force physique, un sens de l’entraide plus développé. Le rôle de l’enfant au sein du groupe peut changer. Les meneurs ne sont pas forcément les mêmes à l’intérieur et à l’extérieur.

Comment sensibilisez-vous vos filles à la nature?

Avec la petite, qui a 13 mois, on sort chaque jour. A cet âge, c’est assez limité. Mon aînée, 3 ans, a rejoint le groupe de nature à la rentrée. Elle reprend à la maison des situations qui la préoccupent, ou alors, elle me remet à l’ordre quand je n’applique pas chez nous les règles données dans le groupe de jeu. En forêt, par exemple, quand on cueille une fleur, on demande à la plante si elle accepte de venir dans le bouquet. C’est une façon respectueuse de faire, qui évite à l’enfant de tout raser. Dans notre jardin, je ne pose pas forcément la question…



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