Menu

Département de l’emploi, des affaires sociales et de la santé, Commission cantonale de la famille

Elever des enfants

Comment aider vos enfants à faire face à la pornographie?


Lettre du mercredi 13 mars 2024 - Source: 24 Heures



Cette semaine nous reproduisons un article publié par Martin Fischer dans le 24Heures du 1.2.2024 “Comment aider vos enfants à faire face à la pornographie?”.

 

“De plus en plus d’adolescents commettent le délit d’envoyer ou de produire des contenus pornographiques. Comment mieux les armer?

Une à deux fois par semaine, la police du canton de Zurich effectue une perquisition afin de rechercher du matériel pornographique au domicile d’un jeune. C’est ce qu’a rapporté le «SonntagsBlick». Le problème s’est également aggravé au niveau national. Plus de 1000 adolescents ont été condamnés en Suisse en 2022 pour pornographie, un nombre jamais atteint. En 2018, ils étaient 419.

Comment les parents peuvent-ils aider leurs enfants à faire face à la pornographie? Dirk Baier, professeur à l’Institut de la délinquance et de la prévention de la criminalité de la Haute École des sciences appliquées de Zurich (ZHAW), et Sharmila Egger, psychologue et coach d’apprentissage, nous livrent leurs conseils.

Responsabilité des parents
L’école n’est que le deuxième meilleur endroit pour sensibiliser les enfants à leur consommation digitale et à leur rapport à la pornographie, affirme Dirk Baier. «Le meilleur endroit est et reste la famille.»

Les parents auraient donc la plus grande responsabilité dans le fait d’aider leurs enfants à développer une utilisation conforme à la loi. Bien entendu, ils doivent suivre les évolutions technologiques et s’informer du cadre légal. Le principe de base est le suivant: aucune image pornographique ne doit être montrée ou envoyée aux enfants et aux jeunes de moins de 16 ans.

Faire preuve de curiosité sans porter de jugement
Il est essentiel que la consommation numérique soit partagée et que les tablettes ou les téléphones portables ne soient pas utilisés pour distraire ou calmer les enfants. «Les parents doivent s’intéresser à la consommation digitale de leurs enfants. Leur parler des contenus, leur laisser raconter leurs expériences, ce qui les enthousiasme.»

Sharmila Egger affirme qu’il faut «être curieux sans porter de jugement». En d’autres termes, «être à l’écoute, hocher la tête et ne jamais froncer les sourcils». Sur cette base, les aspects problématiques pourraient être facilement abordés et les parents pourraient, le cas échéant, intervenir pour corriger le tir.

L’ouverture d’esprit des parents favorise celle des enfants. «Si les enfants savent que leurs parents sont au courant que des contenus pornographiques sont partagés sur WhatsApp ou Snapchat, ils en parleront plus facilement que s’ils ont le sentiment que leurs parents n’en ont aucune idée», explique la spécialiste.

Trouver le bon moment
«Si l’on n’aborde la question de la consommation pornographique qu’à l’adolescence, il est trop tard», ajoute Dirk Baier. À partir de l’école primaire, il est judicieux d’initier progressivement les enfants aux médias numériques. Dans un premier temps, il convient de fixer un calendrier précis et d’être bref. Il existe des paramètres sur les appareils qui limitent le temps passé devant l’écran ou bloquent les contenus choquants.

Un débat médiatisé peut être prétexte à la discussion. S’il y a de nouveaux chiffres disponibles ou des exemples cités, on peut les utiliser pour aborder le sujet avec son enfant de 12 ou 13 ans. «Demandez-lui s’il en a déjà entendu parler, ce qu’il comprend, s’il est inquiet, s’il connaît des jeunes du même âge pour qui ces thèmes sont importants.»

En tant que parent, on peut en outre se remémorer sa propre jeunesse et réfléchir aux questions auxquelles on aurait aimé avoir une réponse et de quelle manière.

Détecter les signes
La sexualité et la pornographie sont des sujets sensibles pour les adolescents, qu’ils abordent rarement d’eux-mêmes avec leurs parents. Il est difficile de savoir de l’extérieur si un enfant ou un adolescent consomme ou même produit de tels contenus.

Mais ce que l’on peut voir, c’est quand un enfant en souffre, avance l’expert. Surtout si des images ou des vidéos explicites de lui sont envoyées.

«Lorsqu’une trop grande quantité de pornographie est consommée ou que des contenus sont produits et diffusés sur la Toile, il en résulte une souffrance. Celle-ci peut se manifester par le fait que les enfants se mettent en retrait, n’aiment plus aller à l’école, ne s’amusent plus ou ont de moins bons résultats scolaires.»

Contourner la pornographie
Sharmila Egger avance encore: «Dès qu’un enfant utilise un appareil compatible avec un chat, il a besoin non seulement d’une information sur la sexualité, mais aussi de conseils sur le matériel pornographique.»

Selon son confrère, il est difficile d’éviter que les jeunes consomment de la pornographie en raison de sa facilité d’accès. «Une étude menée dans le canton de Zurich a montré qu’en moyenne 49,5% des garçons de 15 ans consomment de la pornographie au moins une fois par semaine, les filles sont 7,5%.» D’après lui, cela n’est pas en soi une raison de s’inquiéter. «Sauf si cela se produit déjà à un très jeune âge ou de manière très intensive.»

Pour Dirk Baier, la consommation de pornographie fait désormais partie de la croissance des jeunes. «L’interdiction des applications n’apporte pas grand-chose», dit-il. Ce qui pourrait aider en revanche, c’est de ne pas laisser les appareils dans la chambre des enfants pendant la nuit.

Vue d’ensemble
«Je pense qu’il est faux de se focaliser avec insistance sur la seule consommation pornographique», déclare-t-il. Selon lui, il s’agit plutôt de transmettre des connaissances sur le thème de la sexualité. Et de donner aux enfants les moyens d’agir de manière autonome, en prenant au sérieux leurs propres limites et celles des autres.

Les jeunes doivent avant tout savoir pour qui la pornographie est produite et dans quel but, et qu’elle ne représente que très peu la sexualité. Cela signifie également qu’il faut expliquer clairement que ce que l’on voit dans les pornos n’est en général pas digne d’être imité.

Les parents devraient aussi autoriser d’autres personnes de confiance à en parler, conseille Sharmila Egger. Il peut s’agir de n’importe quel adulte proche susceptible d’aider si eux sont trop gênés.

Vérifier le téléphone portable?
On peut proposer aux enfants de regarder avec eux certaines applications le week-end, explique la spécialiste. Cela donne à l’adolescent le temps de nettoyer et d’effacer le contenu qu’il ne veut pas montrer à ses parents. «Cela permet de stimuler un processus d’apprentissage non négligeable.» Selon elle, il est également utile de permettre aux enfants de narrer leurs histoires «sans les réprimander». Pour cela, on peut introduire une carte joker que les enfants peuvent jouer si nécessaire et éliminer ainsi la peur de se raconter.

Si l’adolescent a moins de 16 ans et reçoit du contenu pornographique, ses parents peuvent s’adresser à la police. «Ils doivent cependant veiller à ne pas transmettre ces contenus à des mineurs, afin de ne pas s’incriminer eux-mêmes», déclare Dirk Baier.

D’après lui, il est clair que «le contrôle des téléphones portables relève de la police, pas des parents». Il déconseillerait de surveiller le contenu des smartphones. «Mais les parents ne demanderont jamais assez à leurs enfants ce qu’ils y font.»”

 

Adresses et outils utiles :

ACTION INNOCENCE (AI) : Action Innocence est une Fondation créée en 1999 qui ¿uvre pour une saine utilisation des écrans et une pratique responsable et sécurisée d¿Internet, dans le but de protéger les enfants et les adolescent·e·s. Prestations : développement et mise à disposition de matériel de prévention, campagnes de prévention, formations pour les professionnel·le·s, recherches. Thématiques traitées : ecrans et enfants, jeux vidéo, internet et réseaux sociaux, exposition à du contenu violent et pornographique, (cyber)harcèlement, mauvaises rencontres en ligne, e-réputation et droit à l’image.

Ciao.ch – un site, géré et financé par l’Association romande CIAO et destiné aux jeunes de Suisse romande âgé·e·s de 11 à 20 ans. Ses principaux objectifs : offrir des informations organisées par thèmes, rédigées par des spécialistes, simples et faciles à consulter, permettre aux jeunes de poser des questions anonymement et gratuitement, 24h/24 et 7 jours sur 7, à des spécialistes adultes qui leur répondent dans un délai de 2 jours (sans compter les week-ends ou jours fériés), donner des adresses de services publics et privés que les jeunes peuvent consulter, proposer des forums pour dialoguer avec d’autres jeunes.
Ciao.ch n’est pas un service d’urgence

MONADO – Un site web qui propose des vidéos explicatives, des conseils en ligne par des professionnels, des podcasts et bien d’autres outils pour aider les parents d’adolescents.

147.CH – Le 147.ch est un site internet qui aide les jeunes de manière gratuite et confidentielle lorsqu’ils ont des petits ou grands soucis ou questions sur des sujets variés notamment les réseaux sociaux. Un projet de Pro Juventute.

EDUCATIONAUXMEDIAS.CH – Educationauxmedias.ch propose un regard informé et critique sur les questions actuelles concernant l’éducation aux médias et les usages technologies numériques en Suisse Romande.

SKPPSC – La plateforme en ligne “Prévention Suisse de la Criminalité” est un service intercantonal spécialisé dans les domaines de la prévention de la criminalité et de la promotion de la sûreté. Des conseils pratiques pour lutter contre les abus sexuels sur les tchats.

CENTRE NATIONAL POUR LA CYBERSÉCURITÉ – Le Centre national pour la cybersécurité recense les contenus condamnables pénalement sur Internet. Le formulaire s’adresse aux particuliers mais il peut toutefois être rempli pour une organisation.

 

 



Comments are closed.

Back to Top ↑