“La rentrée est un moment très délicat, une situation de stress pour tous les jeunes. Il y a un stress qui est plutôt sain. Et puis il y a quelques situations qui vont au-delà du stress et de l’anxiété. Là, c’est vraiment un mauvais moment à passer”, explique Eveline Ziehli, responsable du Centre médico-pédago-thérapeutique de jour (CMPTJ) du canton du Valais à Martigny, dans l’émission On en parle.

Quel est le profil des personnes concernées? “Cela peut toucher n’importe qui, à n’importe quel moment de la vie. L’âge est très variable. Des enfants de six ou sept ans peuvent déjà avoir ce souci-là. On constate une recrudescence vers l’âge de 11, 12, 13 ans. Souvent lors de passages délicats, du cycle d’orientation au secondaire I par exemple”, répond la spécialiste.

Des symptômes somatiques

Après un mois et demi de vacances, il est naturel de ne pas avoir envie de retourner à l’école. Où se trouve la limite entre le manque d’envie et une situation plus sérieuse? Eveline Ziehli explique la différence: “Un enfant qui n’a simplement pas envie d’y aller va essayer de simuler un petit mal de tête par exemple. En revanche, si les jeunes montrent des symptômes somatiques comme de réelles nausées, des maux de tête ou des maux de ventre, qu’il leur est impossible de sortir de la maison, cela va au-delà du petit caprice d’après les vacances.”

Un autre indice est la réaction de l’enfant une fois le cap de la rentrée passé. “Une fois qu’on y est, on s’aperçoit que cela n’est pas si terrible. Et puis parfois, cela est beaucoup plus ancré, même si l’enfant réussit à y retourner la première journée. Beaucoup de jeunes vont faire de la surcompensation: ils et elles vont réussir à y retourner quelques jours, cela va les épuiser et il aura une rupture assez drastique.”

 

Ecouter et agir rapidement

Pour éviter une rupture, Eveline Ziehli recommande d’être à l’écoute de son enfant et de ne pas minimiser son vécu. “Les jeunes savent bien exprimer leurs besoins. Il faut vraiment les reconnaître en disant ‘Oui, j’entends que tu as peur et que c’est difficile. Nous allons essayer de trouver des solutions ensemble.’”

Pour éviter que la phobie ne s’installe, il est important d’agir vite. Mais à qui s’adresser? “D’abord, le pédiatre qui connaît très bien l’enfant en général. Et puis conjointement informer et discuter avec l’école pour voir ce qui est possible. Que peut-on mettre en place? Une personne de référence, de confiance à l’école pour rassurer le jeune? Des allègements? Cela doit être fait dans les deux sens.”

 

Accompagner son enfant à l’école, la pire idée?

Et si l’on accompagne son enfant jusque dans la cour d’école ou dans la classe pour le rassurer? “Cela dépend de son âge”, répond Eveline Ziehli.

“Cela peut être une solution pour les tout jeunes, mais les plus âgés détestent avoir cette étiquette. Là, on va plutôt éviter de leur prendre la main et de les accompagner jusque devant la classe. Encore une fois, les jeunes savent très bien dire ce dont ils ont besoin. On peut vraiment leur poser la question”, conclut-elle.