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Département de l’emploi, des affaires sociales et de la santé, Commission cantonale de la famille

Du sport pour toutes les filles


Lettre du mercredi 18 mai 2022 - Source: Echo Magazine n° 9-2022



Cette semaine nous reproduisons un article de Caroline Briner paru dans Echo Magazine du 3 mars 2022 “Du sport pour toutes les filles”. Il nous permet de constater qu’il y a encore des inégalités homme-femme présentes dans notre société et éducation véhiculées à nos enfants.

“Du sport pour toutes les filles”
Les filles doivent bouger autant que les garçons. Toutefois, la pratique diffère entre les genres. Des experts romands livrent leurs pistes à l’occasion de la Journée des droits des femmes, le 8 mars.

Véritable fléau mondial, l’inactivité physique provoque un décès toutes les 6 secondes, selon l’OMS. Or, on ne le dira jamais assez, le sport n’est pas qu’une affaire d’hommes.
Les femmes aussi doivent bouger. Et surtout les filles. Car pratiquée durant l’enfance, l’activité physique garanti tune croissance optimale, favorise l’estime de soi et augmente les chances de rester actif une fois majeur.
L’écart fille-garçon se réduit heureusement. En 2020 en Suisse, il y avait chez les 11-15 ans presque autant d’inactives (13% des filles) que d’inactifs (11% des garçons), comme chez les adultes (respectivement 17% et 15%), selon l’Office fédéral des sports.
Toutefois le diable se cache dans les détails. Alors que le Réseau suisse Santé et activité physique (hepa) recommande au moins 1h d’activité physique par jour (sport, parc de jeux, déplacements à vélo, etc), seuls 24% des garçons et 14% des filles respectaient ce conseil à l’âge de 11 ans (en comptant les activités à l’école) en 2018, selon Addiction Suisse. Et à l’âge de 15 ans, ils ne sont plus respectivement que 14% et 6%…
La situation empire pour le sport stricto sensu, étant entendu que celui-ci provoque de la transpiration ou un essoufflement. Plus de 11% des filles de 11-15 ans faisaient très peu ou pas de sport (moins de deux fois par mois) en 2018 contre 4% des garçons.
En outre, l’effort n’est pas garanti: «On a mesuré avec un accéléromètre le mouvement des élèves durant des cours de gymnastique à Lausanne. Résultat: les filles bougent moins. Et si l’activité est typée masculine–comme le foot–, elles vont encore moins bouger», témoigne Boris Cheval, chercheur au Centre inter facultaire en sciences affectives(CISA) de Genève.

INFLUENCE CULTURELLE
En sus de l’âge et du genre, d’autres facteurs influencent les activités physiques tels que le nombre de frères et sœurs, le revenu des parents et surtout le niveau d’instruction! L’Université de Genève l’a récemment prouvé: les facteurs socioculturels durant l’enfance déterminent plus le niveau d’activité physique à l’âge adulte que les facteurs économiques. Ainsi, si un individu a eu accès à peu de livres durant son enfance et que ses parents exerçaient un travail requérant peu de compétences, il sera statistiquement moins actif à l’âge adulte que la moyenne même s’il profitait d’un confort matériel. «Au contraire d’un enfant d’instituteur, qui grandit avec un faible niveau économique mais avec un niveau d’éducation élevé», souligne Boris Cheval, coauteur de l’étude, parue en février dans la revue Psychological Science, qui s’appuie sur les données de 56’000 adultes récoltées durant 13 ans dans plus de 25 pays.
Cette étude, qui relève que le phénomène est très marqué chez les femmes, «permet de confirmer une théorie du sociologue Pierre Bourdieu qui explique que dans les catégories sociales défavorisées, les activités physiques proposées dans l’enfance sont axées sur la compétition et la masculinité, alors que dans les classes plus favorisées, ces activités sont moins genrées», précise Boris Cheval.
Les filles issues des classes défavorisées seraient ainsi plus exclues de l’exercice physique, pensent les chercheurs. Coordinatrice à l’Association vaudoise d’aide et de soins à domicile (AVASAD) d’un programme qui vise à favoriser l’égalité des chances avant l’entrée à l’école, Valérie Moreno constate pour ce qui concerne les enfants jusqu’à 5 ans qu’«ils réalisent moins d’activités physiques lorsqu’ils sont issus de familles en situation de vulnérabilité sociale». En revanche, elle assure que le phénomène touche autant les filles que les garçons.

COMMENT MOTIVER LES FILLES?
Au Centre de Loisirs de Neuchâtel, les professionnels remarquent bien que certaines filles estiment que le sport est réservé aux garçons. «Il y en a même qui pensent qu’elles n’ont pas droit à des activités tout court», souligne son directeur, Michaël Frascotti. Pour encourager les filles à bouger, les animateurs socioculturels font preuve de subtilité. Par exemple en annonçant une partie de foot en postant sur Instagram la photo d’une joueuse. Mais globalement, malgré la bonne volonté des animateurs «hors murs» qui se rendent sur les lieux de prédilection des jeunes, «c’est plus compliqué d’entrer en contact avec les adolescentes», constate Michaël Frascotti. Plus autonomes et plus difficiles à trouver… «C’est un grand défi», acquiesce Jérôme Rochat, chargé de communication au Service des sports de Lausanne. Suite à une vaste enquête, la Ville a élaboré 19 actions et 61 mesures pour atteindre l’égalité dans le sport d’ici 2026. Concernant le décrochage des adolescentes, des solutions concrètes sont recherchées, notamment pour casser les stéréotypes et pour encourager les filles à s’approprier l’espace public. Des initiations à des sports dits masculins ont été mises en place. Et vice versa. Car il s’agit aussi d’offrir aux garçons de s’ouvrir aux activités dites féminines. Et alors que 93% des terrains de sport sont utilisés par des hommes, la Ville réfléchit à des installations plus mixtes, comme des terrains de beach-volley. Par ailleurs des cours de zumba et de yoga sont désormais organisés dans les parcs. Les port urbain est un levier. De nombreux skate-parks romands organisent des événements pour les filles. A Genève, on les encourage aussi à pratiquer le street workout et de parkour, qui mélangent voltige et musculation.

Article: “Du sport pour toutes les filles”, Caroline Biner, Echo Magazine n°9-2022 du 3 mars 2022.

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Sites sportifs:

Vidéo: Le sport n’a pas de genre – dépassons les stéréotypes, site Ville de Genève.



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