Jeux vidéo, espace game et ateliers créatifs pour parler des écrans à nos enfants

Lettre du mercredi 11 juin 2025 - Source: Tribune de Genève
Cette semaine nous mettons en avant l’article de Lorraine Fasler publié le 15.02.2025 dans la Tribune de Genève “Jeux vidéo, espace game et ateliers créatifs pour parler des écrans à nos enfants”.
L’événement « Écrans, parlons-en ! », organisé par la Ville de Genève en collaboration avec l’association Action Innocence, a eu lieu dans la salle municipale de Plainpalais. Par le biais d’activités ludiques et intergénérationnelles, il cherchait à éveiller la conscience des familles concernant l’utilisation des écrans, tout en suggérant des alternatives concrètes. Plus de 3000 participants ont assisté à divers ateliers, de la robotique à la production de cosmétiques, sans oublier le théâtre et les jeux vidéo collaboratifs. Des spécialistes, tels que le psychothérapeute Niels Weber, ont offert des recommandations concrètes concernant l’initiation à l’utilisation des smartphones chez les jeunes et sur comment établir une discussion familiale autour du numérique. Plutôt que de diaboliser les écrans, cette initiative préconise une démarche équilibrée, basée sur la prévention et le partage.
“En bref:
– Ce samedi et dimanche [15 et 16 février 2025] a lieu «Écrans, parlons-en!», organisé par la Ville de Genève et Action Innocence à la salle communale de Plainpalais.
– Les ateliers visent à proposer des alternatives aux écrans pour les familles.
– Experts et discussions aident à mieux comprendre l’impact des smartphones, jeux vidéo et réseaux sociaux sur les jeunes.
Le grenier du grand-père de Num et Rick est une vraie capsule temporelle: téléviseur des années 90 aussi large que haut, baby-foot rétro, cassettes VHS ou encore minitel figurent parmi des centaines de trouvailles dénichées en brocante.
«Regarde, il y a même des livres de la collection Bibliothèque verte!» lance Stéphanie à son mari Carlo pendant que leurs garçons, Mattia (6 ans) et Andrea (4 ans), farfouillent dans cette caverne d’Ali Baba. La petite famille participe à un jeu de piste, où se mêlent recherche d’indices et sensibilisation indirecte.
Tous ces divertissements ont en effet la particularité aujourd’hui d’être réunis dans un seul et même objet qui ne nous quitte jamais: nos smartphones. Une manière ludique de faire réfléchir sur l’évolution des usages et de faire dialoguer les générations.
C’est l’une des très nombreuses activités gratuites proposées ce week-end à la salle communale de Plainpalais par la Ville de Genève et Action Innocence, qui organisent «Écrans, parlons-en!». Un vrai succès: plus de 3000 personnes ont répondu présent.
Les petits, les jeunes et les parents participent à une initiation aux graffitis, un atelier de cosmétiques faits maison, et découvrent l’offre pléthorique des ludothèques. Ils s’essayent aussi à la robotique, assistent à des pièces de théâtre ou se creusent les méninges dans l’escape game imaginé par Trip Trapp.
Éviter la diabolisation
L’objectif du week-end est double: proposer aux familles des alternatives aux écrans, mais aussi en parler.
«Les écrans sont omniprésents dans notre vie et beaucoup de parents se retrouvent démunis, explique la magistrate chargée de la Cohésion sociale, Christina Kitsos. L’idée est d’éviter de diaboliser les écrans, mais plutôt d’offrir des outils aux familles.»
Et la problématique se présente dans tous les foyers. Parfois, le premier téléphone portable est offert à 10, voire 8 ans, quand il ne s’agit pas d’une montre connectée. «Le nouveau cordon ombilical des parents», commente Tiziana Bellucci, directrice générale d’Action Innocence.
À la salle Pitoëff, des experts sont à disposition pour discuter des questions récurrentes. À commencer par: à quel âge offrir le premier téléphone? Combien de temps d’écran par semaine? Comment mettre des limites? Par quels jeux vidéo commencer?
Sur ce dernier point, les familles peuvent compter sur Gaëtan Van Beek, directeur de Lesa S.à.r.l. et formateur en éducation numérique.
Si la maturité de l’enfant est un critère plus important en réalité que l’âge, il recommande de favoriser pour les plus jeunes des jeux rassembleurs, comme «Just Dance» ou «Minecraft», un Lego numérique qu’il décrit comme «le meilleur jeu du monde». Mais, surtout, sa règle numéro un reste d’avoir la console au salon!
Dans une salle de gaming, les enfants découvrent une offre davantage diversifiée que la dizaine de jeux habituellement adoptés par les jeunes.
Samuel et Liam (12 ans) valident le concept. «C’est super cool en fait!» lance le premier. Avec son copain, il teste «Heave Ho». L’objectif est d’éviter la chute mortelle, mais surtout de collaborer. À côté, un père et son fils partagent une partie.
«On pousse les parents à s’intéresser aux jeux et aux réseaux sociaux utilisés par leurs enfants et de ne surtout pas laisser un fossé générationnel se créer», souligne Isabelle Widmer, cheffe du Service des écoles de la Ville de Genève.
Tournée dans les écoles
Ces ateliers et animations font partie d’une campagne plus large commencée cette semaine avec des colloques réunissant des spécialistes comme le psychiatre français Serge Tisseron, qui préconise d’appliquer «les balises 3-6-9-12 +».
Dès le mois de mai, une tournée d’un pavillon sera lancée. Ce dernier s’installera tour à tour dans une dizaine de préaux d’écoles primaires genevoises, à la rencontre des élèves de 8 à 10 ans, pour leur parler des écrans de manière ludique et préventive.
À partir de septembre, une exposition itinérante, accompagnée d’activités de proximité, sera déployée dans les différents quartiers de la Ville.
«Ne pas confondre les besoins des parents et envies des enfants»
Niels Webers*, psychothérapeuthe spécialiste en hyperconnectivité, fait partie des experts présents dans «l’espace questions». Il prône le dialogue et la vigilance.
À quel âge donner à son enfant son premier smartphone?
N.W: Idéalement, le premier smartphone individuel (donc privé) devrait être offert aux alentours de 15 ans, car sa gestion demande des capacités cognitives et sociales particulières. Cela ne signifie toutefois pas qu’il faille refuser de lui donner accès au réseau avant. Cela peut passer par le recyclage d’un vieux téléphone, qui serait alors familial et resterait à la maison. Une manière de permettre à son enfant d’échanger avec des amis, par exemple.
Le téléphone peut aussi rassurer pour avoir des nouvelles, par exemple, bien avant 15 ans…
N.W: Il ne faut pas confondre les besoins des parents avec les envies des enfants. Lorsque l’on pense donner un téléphone pour appeler en cas d’urgence, par exemple, on oublie tout le paquet de responsabilités qui va avec pour l’enfant et les risques (ndlr: harcèlement, accès précoce à des images pornographiques, etc.). Il aura accès à tout et n’y est pas préparé.
Comment percevez-vous l’attitude des parents face à l’usage des écrans de leurs enfants?
N.W: Les dynamiques changent. Ils sont moins inquiets par les jeux vidéo, mais plus par les réseaux sociaux, par exemple. Ils se sentent souvent démunis, découragés, voire fatalistes. Ils s’appuient parfois sur des arguments intergénérationnels comme «tous les autres de son âge ont un téléphone, en même temps…». J’encourage les parents des mêmes classes sociales à entrer en relation et à en discuter. C’est souvent l’occasion de trouver des alliés.”
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