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Département de l’emploi, des affaires sociales et de la santé, Commission cantonale de la famille

Elever des enfants

L’importance de la lecture partagée parents-enfants


Lettre du mercredi 22 novembre 2023 - Source: Tribune de Genève



Cette semaine nous mettons en avant l’interview du neuroscientifique Michel Desmurget par Caroline Rieder dans la Tribune de Genève du 20 octobre 2023 “La lecture partagée, antidote au «crétinisme digital”. Il explique l’importance de la lecture partagée par les parents à leurs enfants dès le berceau et le plus tard possible en donnant quelques conseils.

“En 2019, le Français Michel Desmurget jetait un pavé dans la mare du tout numérique avec «La fabrique du crétin digital». Dans ce best-seller salué d’une mention spéciale du Prix Femina essai, le docteur en neurosciences cognitives alertait sur le temps de plus en plus grand consacré aux écrans, au détriment des autres activités pratiquées par les enfants et les adolescents.

En réponse aux parents désemparés venus lui demander la parade, l’auteur revient avec un nouvel essai passionnant et touffu. «Faites-les lire!» érige la lecture, dans un propos étayé par de nombreuses recherches scientifiques, en meilleur outil de développement du langage, de l’intelligence en général, et même… de l’empathie. Interview.

Les enfants lisent moins, la faute aux écrans?
Les écrans récréatifs grignotent le temps dévolu au sommeil, aux interactions au sein de la famille et à la lecture. Et cela commence tôt: entre 0 et 5 ans, les écrans occupent quatre fois plus de temps que les livres.

Les enfants et jeunes lisent aussi moins bien…
Oui. En France, il y a en gros 30% de bons lecteurs, et seulement 10% de lecteurs dits avancés, qui sont capables d’extraire des idées de nature implicite d’un texte.

Vous évoquez un malentendu récurrent: les parents croient volontiers qu’un enfant qui sait décoder sait lire…
Oui, savoir déchiffrer ne veut pas dire savoir lire. Il faut deux décennies pour faire un bon lecteur, car c’est le cumul progressif qui va construire le vocabulaire, la syntaxe, la compréhension de la finesse des temps verbaux. C’est pour cela que je conseille de commencer à lire aux bébés dès 3 mois, et de ne surtout pas arrêter lorsque l’enfant sait déchiffrer. Il faut continuer le plus tard possible, même jusqu’à l’adolescence.

Vous dites que la lecture partagée, c’est 11% d’intelligence verbale en plus?
Les études le disent. On a de plus mesuré, à 7-8 ans, une avance d’un an en lecture par rapport à un enfant à qui on n’a pas lu. On croit souvent que lire avec l’enfant va l’empêcher de développer une pratique personnelle. C’est le contraire: avec la lecture partagée, l’enfant va pouvoir aborder des textes plus ardus grâce à l’adulte. Cela va augmenter son plaisir à lire, et le motiver à le faire aussi de son côté.

Et plus on lit, plus c’est facile de lire, car plus on connaît de mots, et moins l’effort pour comprendre le sens d’un texte est grand. Par ailleurs, c’est un formidable lien tissé entre parents et enfants. Mais il faut que ce soit un plaisir pour l’adulte, sinon mieux vaut ne pas lire.

Comment faire si l’on n’est pas à l’aise avec la lecture?
Il faut se rendre dans les bibliothèques ou d’autres lieux qui proposent des histoires aux enfants, mais aussi, pourquoi pas, faire appel à un plus grand qui va lire aux plus petits.

Selon vous, un enfant qui ne lit pas en dehors de l’école ne sera jamais un bon lecteur?
Non, car il n’a pas construit suffisamment le vocabulaire, et il suffit de 3% à 4% de mots inconnus pour rendre un texte incompréhensible. Par exemple, «Le lion blanc» de Michael Morpurgo (ndlr: conseillé pour les 8-10 ans) contient des termes comme «chatoyant», «irrévocable», «éclipsé». Un enfant qui ne lit jamais va décrocher, et des textes pour les plus jeunes qu’il comprendra ne vont pas l’intéresser.

En affirmant que cette construction de la lecture ne peut se faire qu’à la maison, ne mettez-vous pas une responsabilité écrasante sur les parents?
Il ne s’agit pas de les culpabiliser mais de les sensibiliser. L’école, en tout cas en France, est excellente pour le décodage, mais pour l’acquisition du vocabulaire, rien ne vaut la lecture partagée. Or, lorsque ses bénéfices sont expliqués aux parents, même dans les milieux défavorisés, les choses changent. Une étude montre que des séances de coaching parental lorsque l’enfant avait 6, 10 et 14 mois ont augmenté son bagage lexical de presque 40% à 18 mois.

Vous affirmez la supériorité des romans sur les BD ou mangas pour l’apprentissage de la lecture. Au risque d’être taxé d’élitiste?
Il y a des données et je ne fais que les transmettre. Pour le développement des capacités en lecture et la réussite scolaire, elles montrent un effet extrêmement positif de la lecture de romans, suivis par la non-fiction et les journaux. Les BD et les mangas n’ont aucun effet. Cela ne veut pas dire qu’ils ne développent pas autre chose, comme l’imagination, ni que l’enfant ne doit pas en lire. Mais cela n’apporte pas la même chose au cerveau.

Des romans, vous dîtes qu’ils développent même… l’empathie!
Oui, les romans permettent de se confronter à toute une série d’émotions que l’enfant ne rencontrerait pas autrement.

Que faire alors si l’on est parent d’un ado qui n’a jamais lu?
Aucun lecteur n’est perdu. C’est rattrapable, mais il faut que l’ado en ait envie. Mieux vaut éviter le fameux: «Tu lis quinze minutes et après tu pourras jouer à la console», car la motivation doit être intrinsèque. Pour cela, on peut reconstruire ce plaisir de lire avec, je le redis, la lecture partagée, en laissant le jeune choisir les textes qui l’intéressent ou en allant chercher des conseils auprès de libraires ou de bibliothécaires.”

 

Adresses de toutes les bibliothèques de la Ville et du canton de Genève, par ici –>

Autre article sur le thème lire avec son enfant –>

 


Livre de la semaine


  • 101 bonnes raisons de se réjouir de lire

  • Faites-les lire! Pour en finir avec le crétin digital

  • La clé à molette

  • Les P’tites berceuses et autres comptines pour endormir bébé

  • Lila au pays des émotions

  • Pour demain et bien plus loin

  • Toi, moi et la tétée


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