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Département de l’emploi, des affaires sociales et de la santé, Commission cantonale de la famille

Elever des enfants

Laissez-les rêver

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Lettre du mercredi 20 août 2014 - Source: Extrait de Echo Magazine



Professeur de psychiatrie de l’enfant et de l’adolescent Daniel Marcelli évoque les dangers d’une «société excitée». Votre dernier livre, L’état adolescent (Armand Colin), décrit les dérives d’une société qui comprime le temps.

Avec quelles conséquences sur les enfants?

Daniel Marcelli: – L’exigence d’aller vite entraîne une pression générale. Elle se traduit par une excitabilité qui peut induire une agitation motrice, une instabilité… Les enfants sont très sensibles à ces excitations qui les désorganisent facilement. Ils mettent en place des stratégies de résistance en ralentissant: quand on leur demande d’aller vite, ils font comme s’ils n’avaient rien compris, ils traînent, ils lambinent. C’est à ce moment-là que leurs parents s’excitent! Cette lenteur des enfants est une manière de dire «j’ai besoin de prendre mon temps, arrête de me bousculer», mais aussi «je n’ai pas envie que tu partes travailler, j’ai envie de rester avec toi».

Est-ce vraiment la cause de certains troubles du comportement?

– Il y a aussi une intolérance à la frustration qui obéit à la même logique: dès qu’émerge un désir, il faut qu’il soit immédiatement assouvi. Les enfants et les adolescents veulent être comblés en permanence par une excitation, comme si le temps suspendu était un temps de vide, un temps angoissant. Cela explique toutes les addictions qu’on voit se développer aujourd’hui: aux produits, aux jeux, aux écrans,…

Il semble difficile de faire marche arrière…

– On ne peut jamais faire marche arrière, mais on peut tenter de trouver des parades. S’accorder à soi et à ses enfants des temps de pause, dire: «on éteint les écrans, on va se promener tranquillement». L’enfant aime bien la présence de l’adulte sans qu’il soit obligé de «faire» quelque chose, sans être dans l’activisme absolu. Il ne faut pas le bourrer de machines, de rendez-vous.

Et ne pas s’inquiéter s’il reste seul dans sa chambre?

– Mais il ne sait plus être seul dans sa chambre! Il a besoin que son espace de rêverie soit comblé par des écrans, des Smartphones. Il n’y a plus de place pour la rêverie, elle n’existe quasiment plus. Il reste que cette frénésie convient bien à notre société, car ceux qui sont dans la stimulation permanente sont aussi dans la consommation permanente. Alors que les rêveurs…



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