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Département de l’emploi, des affaires sociales et de la santé, Commission cantonale de la famille

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Les bébés, ces éponges à émotions


Lettre du mercredi 31 mai 2023 - Source: Echo Magazine



Dans cette Lettre du Mercredi, nous reproduisons un article de l’Echo Magazine du 2.3.2023 écrit par Maÿlis Voirol, sur “Les bébés ces éponges à émotions”.

 

“Les neurosciences démontrent que la vie in utero conditionne le développement du futur bébé et sa sensibilité. Influencé par les émotions de sa mère, il parvient après quelques mois à s’en distinguer et à exprimer son propre ressenti.

Jusque dans les années 1970, les nouveau-nés étaient opérés sans anesthésie générale: les médecins pensaient que le nourrisson ne risquait pas de s’en souvenir. Avec l’essor des neurosciences affectives et sociales au 20e siècle, la pensée a évolué. Nous disposons aujourd’hui de données sur l’empreinte précoce des émotions, sur la mémoire biologique et ses effets sur le développement de l’enfant. L’apprentissage et les liens sociaux de l’enfant sont directement liés à sa capacité émotionnelle: il est par conséquent intéressant de ne pas sous-estimer sa sensibilité et de cher- cher à la comprendre.

Bébés buvards
Les bébés sont des éponges : une expression banale mais porteuse de sens. Car durant ses premières semaines, le nouveau-né capte toutes les émotions de ses parents, qu’elles soient positives ou négatives. Selon Catherine Gueguen, pédiatre française auteure de nombreux essais sur l’éducation et les neurosciences, le nourrisson vit un lien fusionnel avec sa mère et s’i imprègne de ses émotions. « Au moment de sa naissance, si sa mère a peur, le bébé aura très peur, explique-t-elle. Mais si elle est bien accompagnée et sereine, il le sera aussi. On voit des enfants qui sourient à la naissance ! » Après l’accouchement, il est souvent proposé aux parents un contact peau à peau avec le bébé : le toucher est en effet un réel bienfait pour lui. Que ce soit avec son père ou sa mère, il s’agit d’un moment de ressourcement pour le nouveau-né qui retrouve ainsi la chaleur et le rythme cardiaque qu’il ressentait dans le ventre maternel.

Tel un miroir, le bébé reproduit les émotions et les expressions de ses parents. Il sourit d’abord par mimétisme, puis vers l’âge de deux mois, il sourit de lui-même. Les poupons peuvent également percevoir les émotions transmises par leur entourage. Des scientifiques de l’Université de Genève ont mené une étude prouvant que les bébés associent l’émotion d’une voix à celle exprimée par un visage. Ils ont la faculté d’évaluer le ton de la voix et l’air du visage et seront effrayés ou apaisés en fonction du comportement de leur interlocuteur. La capacité à différencier des expressions émotionnelles semble se développer durant les six premiers mois. Plus la relation avec le bébé est empathique, plus son cerveau peut se développer au maximum de ses capacités.

Attention réclamée
Au fil des mois, le nouveau-né commence à se dissocier complètement des émotions de sa mère. Il peut ainsi éprouver de la joie, de la colère, du dégoût, de la tristesse, de la surprise et de la peur. Le bébé peut par exemple ressentir de la colère s’il a faim et qu’on ne lui donne pas à manger aussi vite qu’il l’aimerait. Certains ont des exigences propres : Céline, 30 ans, se souvient des premiers mois d’allaitement, où son bébé n’acceptait de boire que dans le calme. «Lorsque quelqu’un me parlait pendant que j’allaitais, ma petite fille s’énervait et il m’était impossible de continuer tout en conversant. C’était comme si elle me réclamait d’être toute à elle durant ce moment, raconte la Fribourgeoise. Heureusement, cela n’a duré que quelques mois. J’ai réalisé que dès la naissance, elle avait son caractère et n’était pas dépourvue de sentiments, ce que je n’aurais pas imaginé auparavant.»

Le bébé manifeste son propre ressenti par l’expression de son visage, mais aussi par tout son corps. Il agite ses bras et ses jambes ou fait des vocalises pour s’exprimer. En étant attentif et avec le temps, il est possible de le comprendre et de savoir ce dont il a besoin.

L’expérience in utero
Avant la naissance, le fœtus ressent les émotions de sa mère. Celles-ci ont une influence considérable sur sa croissance in utero et dans sa vie. A ce titre, Bénédicte, 40 ans, livre un témoignage touchant. Après avoir perdu un enfant quelques jours avant terme, cette jeune femme de Dijon est à nouveau enceinte.
Mais la grossesse devient pour elle synonyme d’angoisse et de stress permanent. «Je ne parlais pas à mon bébé les premiers mois de peur de m’y attacher», avoue-t-elle. Sa fille Blanche naît prématurément, à six mois et demi de grossesse. «J’ai conscience aujourd’hui que je lui ai transmis mon anxiété. J’avais si peur de la perdre! A ce moment-là, je n’ai pas mesuré l’effet que cela pouvait avoir sur elle. Notre fille, qui a 10 ans aujourd’hui, a besoin d’être rassurée souvent et panique vite», témoigne-t-elle. Avant d’ajouter: «Elle a également très peur de l’hôpital et du monde médical. Des psychologues nous ont aidés à comprendre que tout cela avait un lien étroit avec sa vie in utero et qu’elle avait pris mes peurs sur elle».

Dès la vie in utero, le futur bébé capte autant les émotions négatives que positives. Des expériences musicales montrent combien il y est sensible. Doriane, une Valaisanne de 35 ans, souligne ce point: «Lors des grossesses de nos deux filles, mon mari et moi avions l’habitude d’écouter un CD qu’il avait préparé pour cette période d’attente. Après leur naissance, nous avons fait écouter ces morceaux à nos enfants. Elles semblaient bien connaître ces chants et insistaient pour les écouter régulièrement».

Thibault, 40 ans, partage également ce sentiment. Grand amateur de piano, il encourageait sa femme à s’approcher pour que «bébé entende». Après la naissance, il avait pour habitude de poser son fils Andéol sur le piano pour «l’imprégner de musique». «Ma femme le tenait et je jouais. Mon fils aimait beaucoup! Aujourd’hui, il est passionné par cet instrument. Je suis sûr que l’avoir entendu dès ses premiers mois l’a aidé à développer son talent», témoigne-t-il.
Les mélodies et les rythmes répétitifs constituent une forme de langage pour le fœtus. La musique l’éveille dès la grossesse. Le futur bébé a la capacité d’enregistrer ce qu’il entend et de s’en souvenir après sa naissance. Des scientifiques espagnols ont mené une étude à ce sujet en faisant écouter différents types de musique à 300 femmes enceintes. Les résultats montrent que les bébés sont particulièrement sensibles à la musique classique, qui a sans doute pour effet de les apaiser.”


Livre de la semaine


  • Lila au pays des émotions


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