Mouvement Movember à Genève
Lettre du mercredi 6 novembre 2024 - Source: Tribune de Genève
Cette semaine nous mettons en avant un article de Lorraine Fasler «L’infertilité masculine peut être expliquée dans 50% des cas» publié le 01.11.24 dans la Tribune de Genève.
Movember est une campagne annuelle qui a lieu en novembre et qui vise à sensibiliser les gens aux problèmes de santé masculine, comme le cancer de la prostate et des testicules, la santé mentale et la prévention du suicide. Lancé en 2003 en Australie, le mouvement s’est depuis étendu à l’échelle internationale, avec des millions de participants qui y participent chaque année. Les fonds collectés financent des programmes de recherche, des initiatives de soutien, des campagnes de sensibilisation et des actions de communication, ce qui a un impact significatif sur l’amélioration de la santé des hommes dans le monde.
“L’infertilité masculine peut être expliquée dans 50% des cas
Les HUG proposent des dépistages gratuits pour les hommes durant le mois de novembre. Interview d’un expert.
En bref:
Les HUG proposent plusieurs dépistages gratuits pour les maladies masculines en novembre.
Une nouvelle consultation pour la fertilité masculine est désormais introduite aux HUG.
On suspecte une infertilité après une année de rapports non protégés et réguliers.
Une mauvaise hygiène de vie, des anomalies génétiques, hormonales ou encore des infections peuvent expliquer une infertilité masculine.
Le mouvement mondial «Movember» met la santé masculine sur le devant de la scène pendant le mois de novembre. Le Service d’urologie des Hôpitaux universitaires de Genève (HUG) organise, pour l’occasion, des consultations gratuites de dépistage de plusieurs maladies masculines (cancer de la prostate ou tumeurs testiculaires, notamment). Mais pas seulement.
Le service propose une nouvelle consultation de dépistage des troubles de la fertilité chez les hommes. Plusieurs rendez-vous sont disponibles gratuitement, sur inscription. Le Dr Laurent Vaucher, médecin associé au Service d’urologie, revient sur cette offre inédite.
En quoi consistent ces dépistages des troubles de la fertilité chez les hommes?
Il s’agit d’entretiens pour répondre aux questions et aiguiller les patients. Trois dates seront exceptionnellement gratuites en novembre aux HUG et permettront de faire connaître cette prestation qui n’existait pas auparavant. Si des examens complémentaires (type spermogramme) sont à prévoir, ceux-ci auront lieu hors Movember.
Il s’agit d’une nouveauté?
Oui, jusqu’ici, il n’y avait pas de consultations hospitalières formelles dédiées aux hommes au sein du Service d’urologie des HUG. Une grande partie des examens était prise en charge par des services de gynécologie. Ces nouveaux rendez-vous participent par la même occasion à la formation de nos urologues.
À quel moment considère-t-on qu’un couple présente des problèmes de fertilité?
Après un an de rapports sexuels réguliers non protégés. Si la partenaire est âgée de plus 38 ans, par exemple, ce sera plutôt dès six mois d’essais infructueux.
L’âge affecte-t-il aussi la fertilité des hommes?
Les hommes pensent toujours que les années n’ont pas d’influence sur leur fertilité, mais c’est faux. Le nombre de spermatozoïdes change, certes peu, mais on constate une diminution progressive de la mobilité et des altérations morphologiques plus importantes des spermatozoïdes dès 45 ans. Comme chez la femme, l’âge s’accompagne de risques plus importants de pathologies pour l’enfant, notamment celle du spectre autistique.
Quels tests peuvent être réalisés pour contrôler sa fertilité?
Dans le cadre d’un bilan de fertilité, on commence par un spermogramme (ndlr: coûtant 140 et 200 francs, il est remboursé par les caisses maladie), un examen simple qui permet l’analyse quantitative et qualitative des spermatozoïdes. En moyenne, selon l’OMS, un homme présente 50 millions de spermatozoïdes par millilitre de sperme. On analyse aussi leur mobilité ainsi que leur morphologie. Une investigation est lancée en dessous de 15 millions de spermatozoïdes par millilitre, si moins de 32% d’entre eux ont une mobilité satisfaisante ou si moins de 4% ont une forme normale. Un deuxième spermogramme est toujours nécessaire pour confirmer les valeurs. On complète l’examen avec la recherche d’autres causes possibles, comme une infection, une explication chirurgicale, une anomalie hormonale ou génétique. L’infertilité masculine peut être expliquée dans 50% des cas, grâce à ces diagnostics.
L’autre moitié des cas restent inexpliqués, c’est beaucoup!
Oui, cela ne signifie pas qu’aucune explication n’existe mais plutôt qu’on ne la connaît pas encore. La formation de spermatozoïdes fécondants nécessite des interactions génétiques complexes qui restent largement méconnues. La procréation médicalement assistée (PMA) fonctionnant très bien, la recherche autour des causes inexpliquées d’infertilité reste très peu étudiée.
Quelles sont les réponses médicales possibles?
Nous pouvons traiter d’éventuelles varices testiculaires, agir sur des éjaculations rétrogrades (le sperme entre dans la vessie au lieu de sortir du pénis), modifier la balance hormonale, ou encore traiter une infection. En cas d’absence totale de spermatozoïdes, lors d’un spermogramme, une biopsie testiculaire peut permettre une fécondation in vitro. L’homme qui n’a aucun spermatozoïde dans le sperme n’est donc pas condamné à ne pas avoir d’enfant.
Est-ce que les hommes ont davantage de problèmes de fertilité que par le passé?
Des résultats ne peuvent être comparés qu’entre deux populations ayant été testées avec les mêmes technologies. Ce n’est pas le cas des patients de 1940, par exemple. On ne peut comparer que des cas entre 1990 et 2020. On constate certes une petite baisse de la fertilité mais une génération est insuffisante pour établir une tendance.
Dépiste-t-on davantage les hommes de nos jours?
Disons qu’il est davantage admis que l’infertilité est maladie de couple et pas individuelle, à quelques exceptions près. On teste dorénavant les couples en parallèle, au lieu de noyer la femme sous des traitements inutilement, sans avoir évalué son partenaire. Si un homme est hypofertile et que sa partenaire l’est également, il leur sera difficile d’avoir des enfants, mais une fertilité accrue de la partenaire pourra compenser la problématique masculine.”
Adresses utiles :
– HUG, Movember 2024 aux HUG : consultations gratuites, dépistage des troubles de la fertilité, stand d’information et barbier professionnel, les apéros thématiques Otium “La prostate”, visite d’une prostate géante, dépistage des troubles de la fertilité.
– Ligue suisse contre le cancer
– Ligue genevoise contre le cancer
Autres articles :
– “Les raisons de la fragile fertilité des humains” – Tribune de Genève, 14.11.2022
– “L’infertilité est encore un sujet tabou sous nos latitudes” – Tribune de Genève 21.08.24
– Cancer de la prostate: informez-vous ! – Ligue suisse contre le cancer
Livre de la semaine
Adénome et cancer de la prostate – Les aliments à éviter, les habitudes dangereuses