Rôles parent-enfant: quand les enfants s’occupent des parents

Lettre du mercredi 28 mai 2025 - Source: 20minutes
Cette semaine nous mettons en avant un article de Carolina Lermann publié le 25.03.2025 dans 20minutes “ Rôles parent-enfant: quand les enfants s’occupent des parents”.
L’article traite des conséquences à long terme de la parentification, une circonstance où l’enfant assume le rôle de parent pour pallier les lacunes familiales. Malgré son apparente force et maturité, cet enfant apprend à négliger ses propres besoins, ce qui peut conduire à des problèmes tels que du stress chronique, du perfectionnisme, de la culpabilité, des troubles anxieux ou même une dépression à l’âge adulte. La parentification est fréquemment indétectable, car considérée comme un signe de maturité. La psychothérapie aide à détruire ces modèles en soutenant la prise de conscience de ses besoins, l’établissement de frontières et la guérison de son « enfant intérieur ».
“Conséquences à l’âge adulte
Quand l’enfant endosse le rôle de parent, il finit par le payer. Les enfants qui veillent sur leurs parents paraissent souvent forts, mais ils finissent par en payer le prix. Car la parentification a des répercussions à l’âge adulte.Un enfant qui console sa mère après le divorce de ses parents, qui se charge de mettre ses jeunes frères et sœurs au lit ou qui s’occupe des tâches ménagères renvoie, a priori, une image de maturité, d’empathie et de force. Or, derrière cette image se cache souvent une inversion des rôles parent-enfant qui peut submerger l’enfant parentifié et le marquer à vie. «L’enfant endosse le rôle de partenaire ou de parent», explique Isabella Vidmar, psychologue. Cela se produit généralement de manière inconsciente. Les parents sont peut-être débordés ou malades et les enfants prennent le relais, par amour et par désir profond d’attachement.»
Le revers de la médaille est que l’enfant apprend tôt à ignorer ses propres besoins. «Il se dit qu’il ne doit pas être un fardeau, sinon il perdra l’affection de ses parents», précise la psychologue. Les enfants qui ont été parentifiés développent habituellement une grande sensibilité aux autres, mais ne sont pas sensibles à eux-mêmes. Dans leur esprit, tout tourne autour des besoins de leurs parents.
«Beaucoup deviennent perfectionnistes»
«Cela occasionne un stress permanent. Le système nerveux est constamment sous tension», assure Isabella Vidmar. La confiance fondamentale a du mal à se construire, laissant place à de l’angoisse, un sentiment de culpabilité et un sens aigu des responsabilités. «Beaucoup de personnes concernées deviennent perfectionnistes, pensant qu’elles ne sont dignes d’être aimées que si elles font tout à la perfection.»
L’estime de soi liée à la performance
«L’enfant ne fait pas l’expérience d’un amour inconditionnel», poursuit Isabella Vidmar. Au lieu de cela, il pense qu’il faut systématiquement accomplir des tâches pour se faire aimer. Un état d’esprit dont il est difficile de se défaire, même à l’âge adulte.
Selon la spécialiste, cela provoque «un fort syndrome du sauveur, des problèmes de distanciation, une mauvaise perception de ses propres besoins». Beaucoup souffrent de dépression, d’angoisse ou de troubles alimentaires à l’âge adulte, sans pouvoir en expliquer l’origine.
La parentification se produit souvent de manière insidieuse et peut longtemps passer inaperçue. «Un enfant qui s’occupe d’un parent en proie constante à la tristesse est perçu comme particulièrement empathique ou mature», explique Isabella Vidmar. «Les parents se perçoivent rarement comme une charge, mais plutôt comme démunis. L’inversion des rôles leur échappe souvent», ajoute-t-elle. En raison du dévouement dont il fait preuve envers ses parents, l’enfant a en outre des difficultés à percevoir sa propre souffrance.
Que faire en cas de parentification?
Un grand nombre de personnes concernées reproduisent les mêmes schémas à l’âge adulte. Elles refusent rarement un service à autrui, assument un trop grand nombre de responsabilités et continuent ainsi jusqu’à l’épuisement. Dans ce cas, «une psychothérapie peut aider à identifier et à casser les anciens schémas», selon Isabella Vidmar. Il est particulièrement important de faire un travail sur l’enfant intérieur et de se poser les questions suivantes: «De quoi ai-je eu besoin que je n’ai jamais reçu? Qu’est-ce qui me fait du bien aujourd’hui?»
Il est également crucial de fixer des limites et de s’autoriser des émotions telles que la colère, la tristesse et la déception. «Beaucoup pensent qu’ils doivent tout encaisser pour ne pas paraître ingrats. Mais parfois, dire non aux autres, c’est se dire oui à soi-même».“
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