Question de Amandine
Bonjour, je vous écris car depuis le début de ma grossesse une question me perturbe : comment vais-je pouvoir l'annoncer à mon enfant et quel sera le bon moment pour le lui dire. Je devrais accoucher d'ici une quinzaine de jours environ, mais le problème est que je me retrouve seule pour élever mon enfant. En effet, quand j'ai annoncé à mon compagnon que j'étais enceinte, il a très mal réagi et voulait absolument que j'avorte. Mais ce n'était pas mon désir et quand je lui ai dit que j'avais mon mot à dire dans l'histoire, il m'a traitée d'égoïste. J'ai beaucoup aimé cette personne et ma grossesse s'est avérée dure sur le point moral d'autant plus quand il m'a avoué ne jamais avoir eu de réels sentiments envers moi. Il tenait absolument que j'avorte contre ma volonté et m'a avoué être prêt à tout pour me faire avorter en utilisant des moyens qui ne s'avéraient pas légaux dans des pays étrangers. A partir de là, je me suis sentie "coincée" et lorsqu'il m'a dit qu'il voulait savoir si j'avais eu d'autres relations, je lui ai répondu oui pour pouvoir échapper à cet avortement que je ne voulais pas subir, bien que je savais que c'était bel et bien lui le père car je n'ai jamais eu d'autres relations que lui. De ce fait, il ne reconnaîtra jamais son enfant et je ne veux pas me lancer dans des procédures pour qu'il soit reconnu, d'autant plus qu'il croit à présent que ce n'est pas lui le père et j'aurais peur des représailles. Mon enfant pourra t-il souffrir de ne pas avoir été reconnu par son père ? Comment pourrais-je lui expliquer que son père est en quelque sorte pas au courant de son existence ? A partir de quel âge pourrais-je lui dire ? M'en voudra t-il? Je m'en fais pour mon enfant, quelque part je m'en veux, j'ai l'impression d'être coupable, et j'espère que l'absence du père de mon enfant n'aura pas de quelquonque conséquence sur mon enfant au niveau psychologique. D'autre part, je m'en veux également ne pas avoir avoué au père la vérité en ce qui concerne l'enfant mais j'avais tout de même une pression qu'il exerçait sur moi et je suis certaine qu'il aurait procédé à ses pratiques illégales sur moi. Je vous remercie des réponses que vous pourrez m'apporter à ce sujet.
Réponse de Familles GenèveAmandine bonjour, Notre équipe de rédaction a été interpellée et touchée par votre message qui lui a donné matière à réflexion. C'est pourquoi nous avons mis du temps à vous répondre. Nous comprenons bien ce que vous ressentez : votre souci de ne pas faire souffrir votre enfant, la crainte que vous inspire son père, le sentiment (tout à fait justifié !) que votre enfant a droit à la vérité. Mais quelle vérité ? Loin de nous l'idée de vous culpabiliser ! Vous avez fait le choix de garder ce bébé, né d'un amour, malheureusement non partagé. C'était votre droit. Vous avez menti à votre ami pour sauver votre enfant. Il nous semble que vous n'aviez pas d'autre solution. Mais il y a un point pour lequel nous ne partageons pas votre vision : c'est votre projet de déclarer votre enfant né de père inconnu. Les expériences de vie dont nous avons connaissance prouvent que les enfants élevés sans leur père ont absolument besoin de SAVOIR qui il est, sans quoi ils sont effectivement perturbés et en veulent à leur mère. A un moment ou l'autre de leur existence, tous recherchent leurs origines. Nous vous conseillons d'appeler ALLO-PARENTS, une permanence téléphonique de l'Ecole des parents, conçue pour partager "à chaud" une difficulté familiale ou éducative (Tél. 022/733 22 00 - Horaire : 8h30-11h/14h-17h). Vous pourrez échanger (anonymement, si vous le souhaitez) avec une personne qui connaît bien ce genre de situation et qui sera compétente pour vous aider dans votre réflexion. Vous pouvez demander à la Maternité de déterminer l'ADN de votre bébé ce qui prouvera ainsi la paternité de votre compagnon. A vous de savoir, par la suite, quelle place vous voulez ou pouvez laisser à cet homme dans votre vie et celle de votre enfant. Mais l'essentiel, pour votre enfant, est que la vérité soit établie. Quant aux représailles que vous craignez, demandez aussi à l'Ecole des parents comment vous en protéger. L'important est d'éviter d'enfermer votre enfant un "secret de famille". On sait maintenant les dégâts que cela cause à travers les générations. Nous vous mettons en lien un site qui retranscrit un entretien avec Serge Tisseron, psychiatre et psychanalyste, qui a traité ce thème. Vous aurez peut-être besoin d'un appui au cours de l'évolution de votre enfant pour savoir ce qu'il est bon de lui dire à un certain moment de sa vie. N'hésitez pas de demander de l'aide. Outre l'Ecole des parents, vous pouvez vous adresser au service de - Guidance infantile - Ch. des Crêts-de-Champel 41 - 1206 GENEVE Tél. 022/382 89 89 E-mail : francisco.palacio@hcuge.ch Nous formons nos vœux chaleureux pour votre avenir et celui de votre enfant !