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Département de l’emploi, des affaires sociales et de la santé, Commission cantonale de la famille

Question de blublu

toute crise met en mouvement un processus de changement qui offre à l'individu ( parfois au prix d'une grande souffrance ), la possibilité d'un autrement lui permettant symboliquement de s'extraire de son mode familial, social ou culturel. En d'autres termes, pour devenir une personne libre et autonome, l'individu doit alors créer ses propres normes en lieu et place de toutes les instances qui les ont jusque-là créées pour lui ( famille, parents, société, religion, conjoint… ); - ce processus de personnalisation implique selon Jung le franchissement d'un seuil, la traversée d'un miroir, pour aboutir à la réunification des parties séparées de la personne, ce qui nécessite souvent de faire le deuil d'identifications parentales ainsi que de scénarios de vie obsolètes. En d'autres termes, il s'agit pour l'individu d'accéder à la réalité de lui-même en se dépouillant de ses rêves d'enfant et d'adulte; - pratiquement, il est évident qu'une telle remise en question aboutit parfois à des revirements brutaux et douloureux ( c'est une période singulièrement fertile en divorces et autres séparations ) car le besoin de se singulariser ne peut se réaliser qu'à travers la mise à l'épreuve des liens tissés avec les personnes les plus significatives, donc les plus proches; - pourtant, même dans les familles qui parviennent à gérer positivement cette crise, il est essentiel que soit résolu le problème de la liberté dont chacun a besoin pour pouvoir se réaliser. Cela peut signifier très souvent pour l'un ou l'autre conjoint ( parfois les deux ) une réorientation professionnelle, un investissement important dans une activité de loisirs, la découverte d'une vocation artisanale ou artistique, etc. Il est alors très important que l'autre conjoint laisse en quelque sorte son compagnon peupler ce nouvel espace de désir à sa guise et avec toute la souplesse possible. Aimer l'autre, c'est alors lui laisser trouver sa place hors de soi pour mieux se construire. Il est évident que les individus qui n'ont alors pas encore fait le deuil d'une relation symbiotique avec leur partenaire devront rapidement s'adapter à des règles du jeu nouvelles. j'suis pas rassuré...
Réponse de Familles Genève

 

Monsieur,


Nous sommes très impressionnés par votre raisonnement complexe et cohérent. En vous lisant, nous sentons que vous avez déjà réalisé un grand travail de prise de conscience quant au long et parfois douloureux processus d’individuation.

Votre message nous laisse comprendre que vous manifestez une envie de partager cette réflexion et peut être d'en "parler à haute voix", ne serait-ce que pour organiser vos idées. Il est vrai que parler ou écrire permet de faire un renvoi, une mise à jour des questionnements que l’on a par rapport à soi-même.

On pose des traces et ainsi on a, objectivement parlant, les pensées correctement ordonnées. Nous pourrions parler de l’étape de prise de conscience rationnelle, celle qui se fait au niveau mental. Bien qu’elle soit nécessaire et qu’elle soit un excellent point de départ quant au processus de changement, on peut avoir un sentiment de peur, d’angoisse, voire même d’impuissance.

On a l’impression que l’on vient de comprendre beaucoup d’éléments mais on ne sait pas encore de quelle manière les choses vont évoluer et si elles vont tendre au changement désiré. On se retrouve mis à nu, en perte de repères face à quelque chose de nouveau et d’inconnu, ce qui est effectivement peu rassurant.

Entre l’étape de la prise de conscience rationnelle et celle du changement, il faut passer par l’état de prise de conscience et de compréhension émotionnelle. C’est une phase où il s’agit d’accueillir et de vivre émotionnellement, avec tous les bouleversements que cela implique, la prise de conscience « cérébrale ». Moments de doutes, d’incertitudes et de craintes souvent difficiles à vivre, mais impératifs pour avancer.

Le plus important est d’accepter ces instants obscurs, les autoriser à se manifester dans toute leur splendeur et par ce biais, se donner la possibilité d’exister à travers eux aussi. Vivre les choses qui nous tourmentent, sans essayer de les cacher est une manière de se détendre, de prendre du recul sur ce qui nous arrive. Sans s’en rendre compte, c’est à ce moment là que les montagnes de difficultés se transforment gentiment et naturellement en petits cailloux…

Bien qu’à la lecture de votre message nous ne sachions pas très clairement quel rôle vous avez, nous avons envie de vous encourager à partager vos doutes et vos remises en question avec votre partenaire, même si cela peut être délicat à faire. Le processus d’individuation passe aussi par la relation à l’autre, comme vous le releviez très justement vous-mêmes, n’hésitez donc pas à vous confier, osez la sincérité et essayez de voir si vous pouvez vous comprendre mutuellement et rejoindre vos questionnements sur des réflexions communes.

Vous pouvez également lire la lettre du mercredi qui peut vous permettre de rebondir sur d’autres pistes: « Cycles de vie, crises et identité : entre permanence et changement au long de la vie… »



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