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Elever des enfants

Pratiques numériques des adolescent·e∙s dans une société hyperconnectée…


Lettre du mercredi 21 février 2024 - Source: FOJ - Fondation Officielle de la Jeunesse



Cette semaine nous mettons en avant un article du magazine InitialeF de la FOJ-Fondation Officielle de la Jeunesse “Pratiques numériques des adolescent·e∙s dans une société hyperconnectée: comment faire avec plutôt que lutter contre?” en collaboration avec Carole Barraud Vial, Catherine Brand et Estelle Gillioz de la Fondation Action Innocence.

Dans ce magazine vous trouverez d’autres articles dont le thème est “Le défi du numérique dans le social.

 

“Pratiques numériques des adolescent·e∙s dans une société hyperconnectée: comment faire avec plutôt que lutter contre?

La société numérique dans laquelle nous évoluons toutes et tous au quotidien nous donne accès à toujours plus de plateformes et de services en ligne, notamment pour communiquer et nous divertir. Quelle place peuvent-ils alors prendre dans l’accompagnement éducatif des adolescent∙e∙s au quotidien?

Les adolescent∙e∙s se sont approprié ces outils numériques et en font un usage propre à leurs besoins: un tournant important pour les professionnel∙le∙s du travail social, qui ont vu leur réalité de terrain indubitablement modifiée au cours des années. Entre questionnements, craintes et représentations, il est désormais nécessaire de comprendre les pratiques numériques des adolescent∙e∙s, et d’apprendre à faire avec plutôt que lutter contre. Mais que faire avec signifie-t-il réellement? Comment intégrer la question du numérique dans l’accompagnement des jeunes? Et comment les sensibiliser aux risques auxquels ils et elles peuvent s’exposer? Que ce soit pour réaliser des tâches privées ou professionnelles, nous utilisons toutes et tous les écrans au quotidien. Cependant,
les pratiques numériques des adolescent∙e∙s répondent à des motivations et à des enjeux différents. Les plateformes et les services en ligne participent pleinement, aujourd’hui, au développement des jeunes, à leur construction identitaire et à leur autonomisation. Internet leur permet d’évoluer en continu dans un monde où leurs pairs sont leurs nouveaux référents, loin du regard des parents ou des adultes qui les entourent.

«Les adolescent∙e∙s sont constamment sur leur smartphone sans avoir conscience des risques encourus», «Ils et elles ne savent plus vivre sans publier des photos de tout ce qu’ils et elles font », «Ils et elles n’interagissent plus qu’à travers les réseaux sociaux et ne sont plus en interaction avec les autres». Ces remarques de professionnel∙le∙s illustrent un mélange de préoccupations et de représentations basées sur leurs propres expériences, bien différentes de celles vécues par les adolescent∙e∙s d’aujourd’hui. Elles sont également influencées par les médias, qui poussent à considérer les outils numériques davantage comme un problème que comme une opportunité pour le développement de ces adultes en devenir. Face à cette réalité de terrain, les professionnel∙le∙s
affirment se sentir fréquemment désarmé∙e∙s et démuni∙e∙s dans leurs pratiques.

Alors comment faire avec le numérique? Comment répondre adéquatement aux besoins et attentes des jeunes d’aujourd’hui?

Au quotidien, les professionnel∙le∙s du travail social s’appuient sur les événements, les interactions, les échanges formels et informels, en individuel ou en collectif, pour penser et adapter continuellement leur accompagnement auprès des jeunes. La finalité est de permettre aux adolescent∙e∙s de développer leur autonomie et de s’insérer dans notre société. Dans ce contexte, les écrans et les (més)usages qui en découlent s’invitent inévitablement dans cette relation d’accompagnement. Les professionnel∙le∙s sont dès lors contraints d’intégrer la question du numérique dans
leur travail. Cela implique pour eux/elles de se détacher de leurs préoccupations et de leurs représentations, et d’adopter une posture d’ouverture. Dédiaboliser l’usage des écrans et le considérer comme un levier pour l’accompagnement leur permet de mobiliser des compétences propres à leur mandat, à leur fonction et à leur rôle. En considérant l’écran comme un révélateur,
voire un amplificateur, des vulnérabilités inhérentes à la situation d’un∙e adolescent∙e, et non comme un problème en soi, les professionnel∙le∙s peuvent élaborer des hypothèses de compréhension et développer des pistes d’action adaptées aux besoins des adolescent∙e∙s. Il peut s’agir d’analyser un usage intensif, voire excessif, au regard du contexte général dans lequel vivent les
jeunes. De plus, s’intéresser à leurs pratiques numériques et leur donner du sens peut permettre de détecter, par exemple, une éventuelle mise en danger. Ouvrir le dialogue sur les usages est dès lors indispensable, de même qu’il est nécessaire d’adopter une posture non-blâmante pour que les jeunes ne se sentent ni jugé∙e∙s, ni critiqué∙e∙s et puissent considérer le/la professionnel∙le comme une personne à qui ils/elles peuvent demander de l’aide.

Cette posture permet d’offrir aux adolescent∙e∙s des espaces de discussion et de réflexion. Parler des usages numériques avec les jeunes, c’est s’intéresser à ce qu’ils et elles font, comprendre leurs
motivations et donner du sens à leurs usages. Encourager à analyser le fonctionnement des plateformes qu’ils et elles utilisent et à évaluer les conséquences de leurs comportements sont autant d’opportunités d’engager une réflexion plus large sur leur rôle, leurs droits et leurs devoirs dans l’espace numérique. Cet accompagnement vise à développer leur esprit critique
et à renforcer leur capacité à faire des choix et prendre des décisions réfléchies.

Les adolescent∙e∙s investissent et explorent les espaces numériques, pour lesquels une régulation et un encadrement éducatif s’avèrent indispensables. Les limites imposées jouent un rôle primordial à l’adolescence en offrant aux jeunes un sentiment de sécurité et un espace de confrontation nécessaires à leur autonomisation progressive. Ils et elles s’appuient autant sur le
cadre qu’ils et elles cherchent à s’en émanciper. Ainsi, il est nécessaire que des limites quant à l’utilisation des écrans soient posées et puissent être négociées par les jeunes et avec les adultes. Des discussions sur les règles d’utilisation leur permettent d’identifier les conséquences possibles de leurs (més)usages. Par exemple, dans une situation d’usage excessif des écrans, des règles
sont à coconstruire pour permettre aux jeunes de trouver un équilibre entre leurs pratiques numériques et leurs autres activités. Le cadre éducatif se doit d’évoluer selon leurs besoins et s’adapter à leur réalité. Les professionnel∙le∙s doivent aussi pouvoir se référer à la loi qui est également applicable dans l’espace numérique. Enfin, comme pour d’autres dimensions de l’accompagnement, les professionnel∙le∙s sont aussi amené∙e·s à penser les règles d’utilisation des écrans autant au niveau collectif qu’individuel.

En conclusion, l’accompagnement des pratiques numériques des adolescent∙e∙s requiert une approche réflexive, combinant dédiabolisation, dialogue, intérêt et maintien d’un cadre éducatif. C’est à travers cette combinaison que les professionnel∙le∙s pourront réellement répondre aux besoins et attentes des jeunes et favoriser leur développement et leur autonomie dans une société hyperconnectée.”

Dans ce magazine vous trouverez d’autres articles traitant de ce sujet

 

Adresses et outils utiles :

ACTION INNOCENCE (AI) : Action Innocence est une Fondation créée en 1999 qui ¿uvre pour une saine utilisation des écrans et une pratique responsable et sécurisée d¿Internet, dans le but de protéger les enfants et les adolescent·e·s. Prestations : développement et mise à disposition de matériel de prévention, campagnes de prévention, formations pour les professionnel·le·s, recherches. Thématiques traitées : ecrans et enfants, jeux vidéo, internet et réseaux sociaux, exposition à du contenu violent et pornographique, (cyber)harcèlement, mauvaises rencontres en ligne, e-réputation et droit à l’image.

NetLa.ch – Mes données m’appartiennent!” est une campagne nationale qui offre des jeux et des BD incitant à la réflexion et à la discussion mais aussi des informations utiles et importantes.

CoSE – Le Collectif surexposition écrans (CoSE) porte une parole pluriproffessionnelle dans tous les champs du développement de l’enfant atteint par une surexposition aux écrans.

SKPPSC – La plateforme en ligne “Prévention Suisse de la Criminalité” est un service intercantonal spécialisé dans les domaines de la prévention de la criminalité et de la promotion de la sûreté. Des conseils pratiques pour lutter contre les abus sexuels sur les tchats.

REPORT ONLICE RACISM – Une plateforme de signalement des discours de haine racistes sur internet piloté par la Commission fédérale contre le racisme.

CENTRE NATIONAL POUR LA CYBERSÉCURITÉ – Le Centre national pour la cybersécurité recense les contenus condamnables pénalement sur Internet. Le formulaire s’adresse aux particuliers mais il peut toutefois être rempli pour une organisation.

MONADO – Un site web qui propose des vidéos explicatives, des conseils en ligne par des professionnels, des podcasts et bien d’autres outils pour aider les parents d’adolescents.

147.CH – Le 147.ch est un site internet qui aide les jeunes de manière gratuite et confidentielle lorsqu’ils ont des petits ou grands soucis ou questions sur des sujets variés notamment les réseaux sociaux. Un projet de Pro Juventute.

EDUCATIONAUXMEDIAS.CH – Educationauxmedias.ch propose un regard informé et critique sur les questions actuelles concernant l’éducation aux médias et les usages technologies numériques en Suisse Romande.

 


Livre de la semaine


  • 3-6-9-12 Apprivoiser les écrans et grandir

  • Comment protéger votre vie numérique

  • Comment utiliser les écrans en famille

  • Facebook m’a tuer

  • L’enfant et les écrans

  • Le syndrome de Gollum – L’emprise numérique


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