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Département de l’emploi, des affaires sociales et de la santé, Commission cantonale de la famille

Elever des enfants

Un week-end en tête-à-tête avec papa

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Lettre du mercredi 29 octobre 2014 - Source: Extrait de Echo Magazine, Christine Mo Costabella



Danse, cuisine, descente en rappel: tout est bon pour privilégier la relation d’un père avec sa fille. Trois jeunes papas organisent un week-end pour se rappeler qu’ils ont un rôle à jouer. Sous le soleil d’automne, le paysage – de vastes grottes de molasse dans la forêt – excite l’imagination: n’y aurait-il pas quelque trésor ou une bande de brigands terrés dans ces repaires obscurs? Mais c’est une petite fille et non un pirate qui se trouve encordée dans la paroi au-dessus de la grotte du Pendens, près de Mézières (VD). «C’est bien, Justine! Fléchis les genoux comme une petite grenouille! C’est ça, continue!» Justine regarde, à moitié rassurée, le sol quinze mètres plus bas; mais avec les indications de son papa, elle termine sans heurts sa descente en rappel. «C’est un apprentissage concret de la confiance, commente Philippe, qui chapeaute l’exercice. La fille doit écouter la voix de son père pour descendre dans le vide:» Du sport pédagogique? En quelque sorte: les trois organisateurs du week-end «Mon papa et moi», qui rassemblait 17 pères et leurs filles du vendredi soir au samedi soir, cherchaient une activité amusante qui suscite le dialogue. «Les papas sont parfois pressés, ils voudraient que leur enfant arrive tout de suite à un résultat. Ça leur apprend la patience», commente Alexandre Vaney, l’un des organisateurs.

Lui dire qu’elle est belle

A l’origine du week-end, trois jeunes papas qui se connaissaient par l’Eglise évangélique d’Oron et souhaitaient faire quelque chose pour les familles. «Ce n’est pas toujours simple de trouver sa place en tant que père, explique Alexandre. La semaine il y a le travail, on rentre fatigué, le week-end il y a nos propres activités et les enfants passent vite à la trappe. On ne se rend pas toujours compte qu’on a un rôle à jouer.» Par exemple? «Dans la construction de l’identité sexuelle, le papa est le premier à dire à sa fille qu’elle est belle. C’est important de lui faire un compliment quand elle se prépare pour sortir le soir!» Les filles en question n’en sont pas encore là, elles ont entre sept et onze ans. Pourtant, le vendredi soir, toutes et tous avaient pour consigne de bien s’habiller: surprise, un bal les attendait. «On a demandé à nos épouses ce qu’elles auraient aimé faire avec leur papa, dit Alexandre. On a même imaginé faire du shopping à Lausanne, mais ça devenait compliqué pour l’organisation et on voulait préserver les budgets!» La surprise a fait mouche: les filles en parlaient à la maison depuis des jours et le soir, elles sont évidemment toutes arrivées habillées en princesses. Une vraie prof de danse a initié ces messieurs et demoiselles à la valse et au rock.

Dans la même galère

Puis les petites ont filé au lit tandis les papas avaient droit à une dégustation de vin entre hommes. «Pas pour parler de paternité, juste pour le plaisir d’être ensemble, poursuit Alexandre. Les papas sont parfois assez seuls; ils n’ont pas toujours la facilité des femmes à échanger entre copines. Alors ça fait du bien de voir qu’on est tous dans la même galère et que personne n’est un super-papa!». Les filles, elles, ont l’air enchantées. Pas eu trop peur de la descente en rappel? «Moi j’ai eu des frissons. – Moi j’avais un tout petit peu peur. – Moi j’avais même pas peur! – Tu parles, tu criais: Maman! avant d’y aller!» Toutes sont très fières de leur exploit et ont bien du mal à laisser les grottes pour l’activité suivante. Qui consiste à préparer le repas de midi avec leur papa dans l’école de Mézières où Laure, une jeune cuisinière professionnelle, distribue les recettes. Au menu: verrines de légumes, roulé sucré et crumble aux pommes. Pères et filles papillonnent autour de leur plan de travail dans un bruit de mixeurs, de couteaux et d’eau qui coule. Un papa se gratte la tête en scrutant la recette tandis que sa fille bat des oeufs. On devine les caractères selon que le chef de famille donne des instructions et supervise les opérations ou lève les bras au ciel avec un sonore: «Pas comme ça!» et saisit les ustensiles pour terminer tout seul.

Chocolat et tournevis

Les gros bras tatoués d’un papa trahissent le motard. Habitué à cuisiner avec sa fille? «Pas du tout. On a fait une fois des brownies et elle a cassé le chocolat avec un tournevis. Résultat: il y avait des morceaux de faïence dans les gâteaux!» Mais ce père, qui essaie d’emmener régulièrement chacun de ses trois enfants faire un tour en moto, est persuadé qu’il est important de passer des moments seul à seul avec chacun pour les découvrir individuellement. «A la maison, il y a deux frères et une femme, ce n’est pas pareil. Ici on n’est que nous deux, en égoïstes.» «C’est trop bien d’être égoïste !», confirme sa fille de neuf ans. Le papa a déjà participé l’an passé à un premier week-end organisé pour les garçons. Il vivait alors des tensions avec son fils, 13 ans aujourd’hui – «Il est trop chiant, un vrai ado pré-pubère», commente la petite, qui n’a décidément pas sa langue dans sa poche. Ce moment «entre hommes» les a rapprochés. «Nous avons choisi cette tranche d’âge (7-11 ans) parce que c’est le dernier moment avant l’adolescence, précise Alexandre. Dans les sociétés anciennes, il y avait des rites de passage; aujourd’hui il y en a moins. Les moments forts sont donc importants.»

Ma belle-mère et moi

Et les mamans? «On estime les temps de qualité passés avec les enfants en dehors des devoirs ou des repas à deux minutes par jour pour les papas et à cinq minutes pour les mamans, répond Alexandre. Certaines nous ont demandé si quelque chose existait pour elles: c’est évidemment envisageable, le concept n’est pas labellisé!» En tout cas, l’idée plaît: une amie leur a suggéré un week-end «Mon mari et moi» – sans parler des plaisanteries sur «Ma belle-mère et moi»… Les organisateurs se sentent encouragés à continuer. «Quand les gens sont contents, c’est trop dommage d’arrêter!», se réjouit Alexandre. Les idées ne manquent pas: journées en canoë, à cheval ou en roulotte… «Avec nos enfants, c’est comme dans un couple. On peut vivre sous le même toit sans se croiser si on ne prend pas le temps de s’arrêter. Certains le font spontanément, d’autres ont besoin d’un moment planifié. Ce qui permet aussi de s’en réjouir!»



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